Pour la première fois depuis qu’il a été nommé premier ministre, Michel Barnier a publiquement exprimé le peu de satisfaction qu’il tire de l’exercice de la fonction. « C’est extrêmement frustrant de devoir être dos au mur, dans l’urgence ou dans le sentiment d’urgence », a-t-il confié aux élus devant lesquels il intervenait, vendredi 15 novembre, lors des assises de l’association Départements de France.

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Le chef du gouvernement, qui ne désespère pas de pouvoir, un jour, présenter une feuille de route à cinq ans pour tenter de trouver un peu d’oxygène ne peut, pour l’heure, que comptabiliser la somme des difficultés qu’il rencontre. Le Savoyard démine sans engranger, concède sans élargir, prisonnier d’un jeu politique qui ne fait que des perdants. En guise de soutien, le « socle commun », composé du parti Les Républicains (LR) et des groupes de l’ex-majorité présidentielle, lui rit à la barbe, sur fond de rivalité exacerbée entre Laurent Wauquiez et Gabriel Attal.

Quand le premier s’approprie une concession, comme ce fut récemment le cas à propos de la pension des retraités, le second s’emploie aussitôt à en contester l’impact et le bien-fondé sans considération pour le travail d’écoute revendiqué à Matignon. En guise d’opposition, les députés de gauche ont presque entièrement réécrit le projet de loi de finances avec pour seule boussole les hausses d’impôt (35 milliards d’euros de plus, excusez du peu !) et pour seul résultat d’avoir transformé l’Assemblée nationale en un théâtre de pacotille puisque de majorité il n’y en a point non plus pour conduire ce type de politique.

En guise de soutien dans l’opinion, Michel Barnier voit sa cote de confiance s’effriter au fur et à mesure que montent les frustrations, les inquiétudes, les appels à la grève sur fond de multiplication de plans sociaux et de déficits à combler. Personne ne peut jurer que le premier ministre ne passera pas l’hiver, mais personne ne peut le garantir non plus. En deux mois et demi, son bail ne s’est nullement solidifié. La crédibilité de ceux qui le combattent ou s’ingénient à lui mettre des bâtons dans les roues non plus.

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Ce que vit Michel Barnier n’est pas seulement une épreuve personnelle. C’est un drame national. L’affaiblissement de l’autorité politique, la dégradation du débat public sont aussi rapides que spectaculaires dans un contexte international qui ne prête pourtant guère à la plaisanterie. L’élection de Donald Trump aurait pu servir d’électrochoc : baisse d’impôts à gogo sur fond de remontée des droits de douane. Ce qui se profile outre-Atlantique n’augure rien de bon pour l’Union européenne en général et la France en particulier.

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