Les deux hommes, en chaussettes et sandales, finissent nerveusement leur cigarette devant l’entrée du bâtiment, un ancien spa soviétique planté au milieu des pins dans la banlieue de Kiev. D’ordinaire, le centre de santé mentale et de réhabilitation Lissova-Poliana offre aux soldats et aux anciens prisonniers de guerre un répit salvateur après la fureur des tranchées et les tortures endurées dans les geôles russes. Le séjour, de trois semaines à deux mois, est censé leur permettre de reprendre leurs esprits et de soulager leurs blessures invisibles – stress post-traumatique, commotions cérébrales ou troubles nerveux – avant de retourner au front. Depuis le début de l’invasion russe, en février 2022, le centre, d’une capacité de 220 lits, a accueilli plus de 10 000 soldats.

Mais depuis que les Etats-Unis ont commencé à se rapprocher de la Russie et que Donald Trump fait pression sur Volodymyr Zelensky, qualifié de « dictateur », pour le forcer à signer au plus vite un accord de cessez-le-feu, les soignants peinent à maintenir leurs patients dans cette bulle protectrice.

« On entend tout ce qui se passe. Cette situation folle est un facteur de trouble supplémentaire pour les soldats, déjà très éprouvés physiquement et psychologiquement après trois ans de guerre, explique Ksenia Voznitsyna, directrice de cet institut géré par le ministère de la santé. Mais ils s’efforcent d’être encore plus soudés et concentrés pour garder leur esprit combatif. »

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