Un soir d’octobre, sous le porche de la maison de Leah et Jim à Malden, petite ville à 200 kilomètres au nord de New York, un sac dégage une odeur délicieuse. A l’intérieur : un plat de saucisses aux lentilles, premier repas livré par des voisins alors que Leah et Jim rentrent tout juste de la maternité, après la naissance de leur fille. Le lendemain, devant leur porte, des nouilles chinoises les attendent. Le surlendemain, un poulet marocain. Les wagons d’un meal train (« train de repas »), qui désigne aux Etats-Unis la période pendant laquelle des proches se relaient pour déposer le dîner à quelqu’un que l’on suppose débordé.

« On venait d’emménager ici. Nos familles et nos amis n’étaient pas là et une voisine, Rachel, est venue nous le proposer », se souvient Leah. Des plats chauds et réconfortants apparaissaient ainsi à leur porte à 18 heures tous les jours, puis tous les deux jours, et se sont espacés pendant deux mois, « jusqu’à ce qu’on se sente prêts à reprendre la cuisine ! », se souvient-elle.

A 400 kilomètres de là, dans le Vermont, Barbara Sicot, enseignante, a déjà participé à une dizaine de ces trains de repas solidaires. Sur son téléphone, elle fait défiler les e-mails reçus, le calendrier partagé, l’heure de dépôt souhaitée (de 17 heures à 18 heures), le nombre de portions à prévoir (« Attention, sa mère sera là souvent, ne pas hésiter à compter une portion en plus ») et les incontournables préférences alimentaires. Avec son emblématique gâteau de macaronis, elle laisse un petit mot : « Réchauffer la sauce tomate à la casserole et le gâteau au four pendant dix minutes. » Pas question de déranger les parents occupés avec leur nouveau-né, le repas est déposé sur le perron. Elle signale son passage par un SMS.

Il vous reste 74.45% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Share.
Exit mobile version