Capture d’écran du message de la militante féministe Ibtissame Lachgar, posté sur X le 31 juillet 2025, qui a conduit à son arrestation par la police marocaine le 10 août 2025.

Le parquet marocain a annoncé, dimanche 10 août, avoir placé en garde à vue la militante féministe Ibtissame Lachgar après la publication sur les réseaux sociaux d’une photo la montrant vêtue d’un t-shirt comportant des inscriptions jugées « offensantes envers Dieu ».

Militante connue en faveur des libertés individuelles, des droits des femmes et des LGBTQ+, Ibtissame Lachgar avait publié fin juillet une image d’elle-même portant un t-shirt où apparaissait le mot « Allah » (« Dieu » en arabe) suivi de la phrase « is lesbian » (« est lesbienne »). La photo était accompagnée d’un texte qualifiant l’islam, « comme toute idéologie religieuse », de « fasciste, phallocrate et misogyne ».

La publication avait suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux, certains internautes appelant l’arrestation de la militante marocaine.

Menaces

Dans une publication sur Facebook, Ibtissame Lachgar a affirmé être victime depuis plusieurs jours de cyberharcèlement et avoir reçu « des milliers de menaces de viol, de mort, d’appels au lynchage et à la lapidation », pour un t-shirt « avec un slogan [détourné] féministe bien connu ».

Dans un communiqué, le procureur du roi près le tribunal de première instance de Rabat a déclaré, dimanche, avoir ordonné l’ouverture d’une enquête et le placement en garde à vue de la militante « conformément à la loi », à la suite de la diffusion de cette photo contenant « des expressions offensantes envers Dieu » et d’« un texte comportant une offense à la religion islamique ». « Les mesures légales adéquates seront prises à la lumière des résultats de l’enquête », a ajouté le parquet. La garde à vue au Maroc est généralement de quarante-huit heures. Le procureur décidera ensuite des poursuites contre la prévenue.

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Le code pénal marocain prévoit une peine de six mois à deux ans de prison et-ou une amende de 20 000 à 200 000 dirhams (environ 2 000 à 20 000 euros) pour toute atteinte à la religion islamique, pouvant aller jusqu’à cinq ans de prison si l’« outrage » est commis par un moyen public, y compris « électronique ».

Le Monde avec AFP

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