
L’AVIS DU « MONDE » – POURQUOI PAS
S’atteler à un biopic, qui plus est animé, de Marcel Pagnol, c’est devoir conjuguer avec un sujet qui s’était déjà construit une image cinématographique et, surtout, un verbe, un paysage lexical bien à lui. Sylvain Chomet, réalisateur césarisé des Triplettes de Belleville (2003) et de L’Illusioniste (2010), semble en avoir eu parfaitement conscience lorsqu’il a accepté la main tendue du petit-fils de l’écrivain marseillais, Nicolas Pagnol, pour se pencher sur la vie de son illustre aïeul.
En une heure et demie, Marcel et Monsieur Pagnol entend balayer la carrière artistique du professeur marseillais devenu cinéaste, mais aussi raconter l’histoire du XXe siècle et le passage au cinéma parlant. C’est d’ailleurs la première fois que le cinéaste d’animation recourt au dialogue. Il conserve en revanche son univers visuel et les ambiances sonores d’une France sépia, pour raconter le Paris qui a vu passer Pagnol du théâtre à la caméra.
Le récit démarre en 1956. Pagnol (à qui le comédien Laurent Lafitte prête sa voix et un accent méridional travaillé pour l’occasion), sexagénaire, sent son crépuscule artistique venir. Hélène Lazareff, fondatrice du magazine Elle, lui commande d’écrire ses mémoires pour ses colonnes. L’étincelle de sa fameuse trilogie « Souvenirs d’enfance ». Au moment de prendre la plume, un garçon lui apparaît. Ce n’est nul autre que le jeune Marcel, celui de La Gloire de mon père. Avec lui, surgissent les souvenirs et les événements fondateurs pour le conteur devenu ici héros. A commencer par la mort d’Augustine, sa mère.
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