Peut-on imaginer une solution politique pour la Nouvelle-Calédonie sans le soutien du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) ? Tous les ministres qui s’y sont essayés par le passé ont échoué : depuis Bernard Pons (1926-2022), responsable de l’assaut sanglant de la grotte d’Ouvéa en 1988, jusqu’à Gérald Darmanin, dont la volonté d’ouvrir unilatéralement le corps électoral local a provoqué, en 2024, une crise insurrectionnelle sans précédent dans l’archipel.

Malgré ces échecs répétés, Manuel Valls tente à son tour de s’affranchir du FLNKS. Bien qu’il s’en défende, le ministre des outre-mer avance désormais à marche forcée dans la mise en œuvre du « projet d’accord sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie », signé à Bougival (Yvelines) le 12 juillet, et dont la traduction législative et constitutionnelle doit prochainement être soumise au Parlement. Mais les faits sont têtus : réuni en Congrès extraordinaire le 9 août, le FLNKS a rejeté le texte en bloc, désavouant au passage la signature de sa propre délégation à Bougival, conduite par le député Emmanuel Tjibaou. Toutes les organisations coutumières kanak sont aujourd’hui d’accord pour condamner l’accord de Bougival.

Il est temps de se rendre à l’évidence : le projet de Bougival ne constitue pas un document consensuel à partir duquel bâtir un avenir serein et pacifié en Nouvelle-Calédonie, contrairement aux accords de Matignon en 1988 et de Nouméa en 1998. Nul ne peut ignorer cette réalité, sauf à courir le risque d’embraser le pays de nouveau.

Verrous infranchissables

Jugée « incompréhensible » par Manuel Valls, la position du FLNKS n’est pourtant pas si mystérieuse. Les gains obtenus à Bougival du côté indépendantiste relèvent surtout du symbole, de la création d’un « Etat de la Nouvelle-Calédonie » qui demeure à l’intérieur de l’ensemble national, à celle d’une « nationalité calédonienne » subordonnée à la nationalité française. La compétence en matière de relations internationales est certes transférée à la Nouvelle-Calédonie, mais soumise aux « intérêts fondamentaux de la France », soit peu ou prou la situation en vigueur depuis 1998, l’accord de Nouméa ayant déjà fait de la diplomatie une compétence partagée entre l’Etat et le territoire.

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