L’historienne Malika Rahal, à Paris, en 2021.

Quand on pense au métier d’historien, une image vient généralement à l’esprit : celle d’un savant solitaire, féru de vieux documents, plongé dans les archives, tel Michelet au XIXe siècle, scrutant « ces papiers, ces parchemins laissés là depuis longtemps ». Son autoportrait en fouilleur acharné d’archives fit beaucoup pour nous léguer cet imaginaire. Malika Rahal incarne une autre façon de faire de l’histoire, à l’écoute des voix contemporaines. La directrice de l’Institut d’histoire du temps présent (IHTP) a fondé son travail sur des entretiens avec des témoins. Sans jamais négliger les textes, mais en les prenant comme point de départ pour interroger les acteurs de l’histoire, parfois capables de combler par la parole les silences des écrits officiels ou d’en éclairer les non-dits.

Dans le lumineux bureau du campus Condorcet, à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), où elle reçoit « Le Monde des livres », se reproduit un rituel qu’elle a mené cent fois : installer un enregistreur, partager un thé, mettre en confiance son interlocuteur. Et pourtant, cette fois, c’est la chercheuse qui se confie au micro, racontant ses débuts d’historienne du temps présent, cette histoire « dont les témoins sont encore vivants », et qu’on peut dès lors aller rencontrer. Des discussions essentielles pour dépasser les limites de certaines sources écrites : « L’histoire orale n’est pas une nécessité absolue dans ce domaine, dit-elle, mais, dans ma propre pratique, c’est vraiment central : quand on travaille sur des questions pour lesquelles les archives ne disent pas grand-chose ou sont très problématiques, il faut avoir le point de vue des témoins. »

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