L’année 1945 marque un tournant dans l’histoire politique, sociale et économique. A la sortie de la seconde guerre mondiale, une ambition nouvelle émerge : reconstruire non seulement les infrastructures, mais aussi les institutions publiques et le lien social. Dans les pays traumatisés par le conflit, il s’agit de garantir à chaque citoyen un socle de sécurité économique et sociale, perçu comme un droit fondamental.
C’est dans ce contexte que l’Etat-providence s’impose comme un projet central. Le concept ne naît pas ex nihilo. Il s’inscrit dans une tradition plus ancienne de politiques sociales amorcée dès la fin du XIXᵉ siècle sous l’impulsion de gouvernements comme celui de Bismarck en Allemagne ou du New Deal de Roosevelt aux Etats-Unis, dans les années 1930.
La IIIe République française avait également développé par étapes un socle de protections depuis les années 1890. Mais c’est à l’issue de la guerre que cette aspiration prend son essor, en réponse aux ravages provoqués par les affrontements mondiaux et la crise de 1929. En France, la guerre mais aussi l’Occupation et la collaboration ont profondément ébranlé la société. Avec d’autres, le programme du Conseil national de la Résistance, adopté en mars 1944, réclame l’instauration d’une « démocratie économique et sociale ».
Perspective nataliste
Parmi les décisions emblématiques figurent la nationalisation de secteurs-clés (banques, énergie, transport), l’extension des droits des travailleurs et la création de la Sécurité sociale. Celle-ci, conçue sous la direction du haut fonctionnaire Pierre Laroque, cherche à garantir une couverture contre les risques majeurs − maladie, vieillesse, accidents, maternité − et à protéger la famille dans une perspective nataliste : la France a besoin de travail et d’enfants pour se relever. Le modèle retenu est fondé sur un principe assurantiel, aménagé dans le sens de la solidarité.
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