La puissance américaine va-t-elle connaître un « moment DeepSeek » comme elle a connu un « moment Spoutnik » il y a près de soixante-dix ans ? La question a inévitablement surgi ces derniers jours, après le choc causé par les performances d’une application produite par une start-up chinoise d’intelligence artificielle (IA), DeepSeek, qui paraît bouleverser le modèle économique de ses grandes rivales américaines et jette le doute sur la suprématie technologique des Etats-Unis dans leur grande compétition avec la Chine.

Lire le décryptage | Article réservé à nos abonnés La start-up chinoise DeepSeek bouleverse le secteur de l’intelligence artificielle

Grosso modo, DeepSeek fait aussi bien que sa rivale ChatGPT, mais avec cinquante fois moins de ressources, en particulier énergétiques. Et elle est produite sans les puces dernier cri dont les entreprises de la tech chinoise sont privées par l’embargo américain sur les semi-conducteurs les plus avancés.

A Hangzhou, ville de plus de huit millions d’habitants sur la côte est de la Chine, qui abrite de nombreuses entreprises de la tech, les employés de DeepSeek ont déserté leurs modestes bureaux pour les vacances traditionnelles du Nouvel An chinois, mardi 28 janvier, à mille lieues de l’onde de choc qui, de l’autre côté de la planète, à Wall Street et dans la Silicon Valley, ébranle ces deux piliers du capitalisme américain.

Un « avertissement »

A Wall Street, les cours des actions des fabricants de semi-conducteurs, des géants du numérique et des entreprises énergétiques du futur ont sévèrement décroché : un « bain de sang », dit le Wall Street Journal. Les dirigeants de la tech, eux, ont tenté de faire bonne figure face à cette humiliante démonstration de prouesse technologique quasi réalisée avec des bouts de ficelle. Fair-play, Sam Altman, le patron d’OpenAI qui produit ChatGPT, a concédé que les premiers pas de DeepSeek étaient « impressionnants ». Le président américain, Donald Trump, est allé droit au but : voilà un « avertissement » qu’il espère « positif », pour peu que les industriels en tirent la leçon qu’ils peuvent parvenir au même résultat sans « dépenser des milliards et des milliards ».

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