« Ma famille est heureuse, on a tout, l’école, la santé… On ne peut pas se plaindre. J’habite dans un HLM, dans une petite ville du Lot, qui s’appelle Figeac. J’ai 18 ans et j’ai la vie d’une ado de mon âge, je vais au lycée, je fais du sport, j’aime bien aller au café avec mes amis. Je le précise parce qu’on n’a pas toujours eu tout ça, chez moi. On ne vient pas d’ici, on est kurdes et, avec mes parents, mes trois frères et ma sœur, on est arrivés de Syrie en tant que réfugiés le 17 décembre 2017.

Tout a commencé quand je devais avoir 7 ans. J’étais une petite fille normale, je ne connaissais pas grand-chose à la politique. Dans la ville où je vivais, à Kobané, il y a eu des bombardements et notre immeuble a été touché au milieu de la nuit. Ç’a été un choc pour nous, on n’était pas préparés. Je me souviens d’avoir vu du feu, des grenades exploser autour de nous. C’était comme dans les films, on a pris une couette et rien d’autre, on a couru pour s’enfuir. Au lever du soleil, je revois des gens se faire égorger et des femmes se faire enlever. Je ne sais pas comment ça se fait qu’on ait réussi à s’échapper. Tout ça, pour moi, c’est un traumatisme, mais là, j’ai 18 ans et plus j’avance dans le temps, plus j’oublie. C’est un malheur qui nous est arrivé, mais j’essaye de ne pas y penser.

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