Depuis presque cinq mois, la Serbie connaît un vaste mouvement de contestation du pouvoir. Les manifestations ont éclaté en novembre 2024, quand une partie du toit d’une nouvelle gare s’est écroulée dans la ville de Novi Sad, causant la mort de 16 personnes. Beaucoup de Serbes ont vu un lien entre le drame et la corruption ambiante, accusant les fonctionnaires d’avoir fait peu de cas des normes de sécurité obligatoires.
Le 15 mars, plusieurs centaines de milliers de personnes se sont pacifiquement mobilisées à Belgrade. Il s’agissait du plus grand rassemblement organisé dans le pays depuis les manifestations monstres des années 1990 contre le régime du tyran Slobodan Milosevic (1941-2006). Très mobilisés, les étudiants ne désarment pas et bloquent les universités, mais aussi, le 14 avril, le siège de la Radio-Télévision serbe, pour réclamer une couverture plus impartiale de leur mouvement.
Jamais le président serbe, Aleksandar Vucic, n’avait été confronté à une contestation d’une telle ampleur depuis le début de son mandat, en 2017. Les dirigeants occidentaux devraient suivre la situation de près, voire se préparer à l’éventualité d’un changement de régime. Sous la pression, le premier ministre, Milos Vucevic, a démissionné fin janvier, et le président vient de nommer son successeur, Duro Macut, un médecin néophyte en politique.
Comme la plupart des dirigeants autoritaires, Vucic est conscient de la menace que ces manifestations font peser sur son pouvoir et fera tout pour y mettre un terme, y compris faire des concessions. Il a sans doute à l’esprit tous les mouvements populaires qui ont fait basculer le pouvoir en Serbie par le passé. Cette année marque d’ailleurs le 25e anniversaire de la « révolution des bulldozers » qui a renversé Slobodan Milosevic.
La formation de Vucic, le Parti progressiste serbe (SNS, droite nationaliste), s’était hissée au pouvoir dans le sillage des manifestations gigantesques de 2011 qui dénonçaient la corruption sous l’ancienne présidence du socialiste Boris Tadic (2004-2012). Vucic fera son possible pour éviter de connaître le même sort.
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