Alors qu’est jugé à Vannes le chirurgien pédocriminel Joël Le Scouarnec, l’ordre des kinésithérapeutes a proposé, mercredi 26 février, d’interdire systématiquement d’exercice tout soignant condamné pour des faits de nature sexuelle.

« L’ordre des kinésithérapeutes est favorable à ce que tout professionnel de santé définitivement condamné pour des faits à caractère sexuel fasse l’objet d’une interdiction définitive d’exercer auprès de patientes et patients, à l’instar du dispositif prévu au sein de l’éducation nationale et du monde sportif », a-t-il annoncé dans un communiqué. « L’objectif est de protéger les patientes et les patients en empêchant tout risque de récidive dans la sphère professionnelle », a expliqué l’ordre.

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Cette prise de position intervient alors qu’est jugé aux assises du Morbihan le chirurgien Joël Le Scouarnec, accusé de 111 viols et de 189 agressions sexuelles, souvent sur des mineurs, pendant sa carrière médicale. En 2005, Joël Le Scouarnec avait été condamné à quatre mois de prison avec sursis, pour détention d’images pédopornographiques par le tribunal correctionnel de Vannes.

Il avait ensuite poursuivi sa carrière, mais aussi les viols et agressions. Selon Pascale Mathieu, la présidente de l’ordre des kinésithérapeutes, le caractère systématique d’une interdiction d’exercer permettrait d’éviter que des soignants condamnés pour des faits de nature sexuelle ne réussissent à poursuivre leur activité professionnelle, malgré leur condamnation.

« A tout jamais »

« On a eu le cas d’un professionnel qui avait été radié en première instance » pour des agressions sexuelles, avant que la chambre nationale disciplinaire, saisie en appel, ne réduise la peine « à deux ans d’interdiction », a déclaré Mme Mathieu à l’Agence France-Presse (AFP). Le kinésithérapeute a repris son activité après sa peine, mais « malheureusement, il vient d’y avoir une récidive, après plusieurs années. Nous avons eu des nouvelles plaintes, et nous venons à nouveau de redéposer plainte contre lui », a-t-elle poursuivi. « Pour moi, la première infraction à la loi devrait interdire » la profession « à tout jamais, parce qu’on ne peut pas mettre les patients en danger », estime-t-elle.

Dans une autre affaire, l’ordre national des kinésithérapeutes est en train d’essayer de s’opposer à l’inscription d’un ancien professionnel du sport, condamné pour une agression sexuelle sur mineure, a-t-elle expliqué. Interdit d’exercer sa profession en France, « il est parti dans un pays européen faire des études de kinésithérapie, et quand il est revenu, il a demandé son inscription à l’ordre », regrette Pascale Mathieu. « S’il le faut, nous irons jusqu’au Conseil d’Etat » pour contester cette inscription, a-t-elle dit.

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Le Monde avec AFP

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