Des migrants afghans arrivent à Islam Qala, province de Herat, ville afghane frontalière avec l’Iran, le 20 juin 2025.

Quelque 3 millions d’Afghans pourraient retourner dans leur pays d’ici à la fin de l’année, a estimé vendredi 11 juillet Arafat Jamal, un représentant du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) des Nations unies (ONU), alertant quant à l’impact de cet afflux sur l’Afghanistan déjà victime d’une crise humanitaire majeure.

L’Iran et le Pakistan ont mis en place de nouvelles politiques vis-à-vis des Afghans présents sur leur sol, Téhéran ayant notamment donné « jusqu’au 6 juillet » aux « quatre millions d’Afghans illégaux » pour quitter le territoire iranien.

« Ce que nous voyons aujourd’hui est l’exode peu digne, désorganisé et massif d’Afghans de ces deux pays, ce qui génère une énorme pression sur [l’Afghanistan] prêt à les accueillir mais pas du tout préparé à le faire », a déclaré le représentant du HCR en Afghanistan, Arafat Jamal, lors d’une conférence de presse par vidéo de Kaboul. « Ce qui nous inquiète est l’échelle, l’intensité et la manière de ces retours », a-t-il ajouté.

Un pic à 50 000 personnes de retour en une journée

« En termes d’échelle, plus de 1,6 million d’Afghans sont rentrés du Pakistan et d’Iran cette année, dont 1,3 [million] depuis l’Iran », a-t-il précisé. Ce chiffre dépasse déjà les premières prévisions du HCR, qui s’attendait à 1,4 million pour 2025.

Des prévisions désormais révisées à la hausse. Même si prédire est « compliqué » et que cela peut changer, le HCR estime désormais que « 3 millions [de personnes] pourraient rentrer en Afghanistan cette année », a estimé Arafat Jamal.

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L’agence onusienne s’inquiète également des conditions de retour, avec « des pics de plus de 30 000 personnes par jour » au poste-frontière d’Islam Qala entre l’Iran et l’Afghanistan, et même 50 000 enregistrées le 4 juillet, a-t-il noté.

« Beaucoup de ces rapatriés arrivent après avoir été brutalement déracinés, après un voyage difficile, épuisant et dégradant. Ils arrivent fatigués, désorientés, brutalisés, et souvent désespérés » dans des centres surchargés sous une chaleur accablante, a-t-il ajouté.

Les ONG sur place en difficulté

L’ONU a pris des mesures d’urgence pour renforcer les systèmes d’eau et d’assainissement construits pour 7 000 à 10 000 personnes par jour, ainsi que les vaccinations, la nutrition et les espaces adaptés aux enfants.

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De nombreuses personnes ayant traversé la frontière ont fait état de pressions de la part des autorités iraniennes, voire d’arrestations et d’expulsions. Plus de 6 millions d’Afghans sont installés en Iran, en raison de l’instabilité politique et économique de leur pays. Près de 2 millions d’entre eux possédant un document leur accordant une résidence temporaire sont aussi menacés d’expulsion, au même titre que ceux sans papiers.

Ces exilés redoutent désormais de plonger un peu plus dans la pauvreté, à la suite de leur retour en Afghanistan. Même si le pays est en paix, les perspectives d’emplois y sont maigres et le pays reste dans la deuxième plus grande crise humanitaire mondiale, selon l’ONU.

Depuis que les Etats-Unis ont cessé de distribuer de l’aide internationale, le 14 avril, l’ONU et les ONG sur place sont à la peine. L’Organisation des migrations internationales (OMI), par exemple, « n’a pu aider que 3 % des migrants de retour certains jours de forts passages à Islam Qala [ville afghane à la frontière iranienne] », rapporte l’agence onusienne.

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Le Monde avec AFP

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