C’est une guerre intellectuelle et culturelle. Non pas un conflit entre nations, ni même un clash des civilisations, mais un affrontement qui se livre au cœur même de celles-ci. Une bataille idéologique dont le plus puissant centre de gravité se trouve désormais de l’autre côté de l’Atlantique. Une offensive menée par une « internationale réactionnaire », selon l’expression d’Emmanuel Macron, qui, de Washington à Moscou, de Buenos Aires à Ankara, renverse les anciennes alliances et redessine les frontières.

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Cette internationale n’est pas structurée comme les internationales socialistes et communistes du XXe siècle, héritières des associations ouvrières du XIXe, unies par l’espoir de faire du passé « table rase » afin que « le monde » change « de base », comme le chantait L’Internationale (1871). Des tentatives d’unification sont toutefois à l’œuvre depuis une décennie. Ancien conseiller stratégique de Donald Trump de 2016 à 2017, l’idéologue suprémaciste Steve Bannon avait lancé, en 2018 à Bruxelles, Le Mouvement, une fondation destinée à fédérer les populistes et nationalistes d’extrême droite en Europe.

Malgré cet échec patent, la victoire de Donald Trump donne des ailes aux leaders d’extrême droite européens, qui se sont à nouveau retrouvés à Washington, en février 2025, à la Conservative Political Action Conference, le rassemblement annuel des conservateurs américains, afin de dupliquer l’écosystème MAGA [Make America Great Again] en Europe.

Professeur à l’Institut universitaire européen de Florence, en Italie, où nous l’avons rencontré, Olivier Roy estime qu’« il y a plusieurs familles idéologiques qui se félicitent de la victoire de Donald Trump : une mouvance réactionnaire soutenue par une droite chrétienne, un populisme identitaire et une high-tech futuriste ». A la fois contraires et convergents, mais soudés dans une commune détestation du wokisme et du progressisme, ces trois courants forment l’alliage de cette internationale.

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