Le 21 janvier, dès le lendemain de son investiture, le président des Etats-Unis, Donald Trump, a dévoilé un projet colossal de 500 milliards de dollars d’investissements (482 milliards d’euros) pour accélérer la future génération d’intelligence artificielle (IA). Un programme, rendu possible avec l’implication des leaders mondiaux de la tech, qui incarne le volontarisme américain en matière d’IA, mais suscite des interrogations majeures. A quoi servira cette puissance ? A qui profitera-t-elle ? Aux citoyens ou aux grandes entreprises de la tech ? A quels pays ? Rien n’est sûr. L’intelligence artificielle débridée représente un défi pour le monde entier, car elle bouleverse l’essence même de la démocratie et de ses principes fondamentaux.
En tant qu’acteurs académiques de l’innovation et de l’engagement citoyen, nous identifions dans le paradigme actuel de l’IA des menaces sans précédent pour nos fondements démocratiques. En revanche, nous croyons que l’IA, si elle est maîtrisée et utilisée comme un outil d’autonomisation citoyenne, peut non seulement préserver ce que nous chérissons dans la démocratie aujourd’hui, mais aussi améliorer significativement nos pratiques politiques.
Sans gouvernance démocratique fonctionnelle, il n’y a pas de gouvernance de l’IA possible et alors, seule la loi du plus fort s’imposera. Tous les chercheurs et les innovateurs du monde entier comprennent que ladite « loi » restreindra leur capacité d’innover. Il est crucial de faire pour l’IA un travail que nous n’avons pas fait – ou trop tard – pour les réseaux sociaux : anticiper et maîtriser son impact sur nos sociétés démocratiques.
L’urgence est, bien sûr, de protéger la gouvernance démocratique actuelle des usages abusifs commis durant les processus électoraux. Nous avons tous en tête les récentes élections en Roumanie et en Géorgie et les forts soupçons d’ingérence, de désinformation et de manipulation. Ces nouvelles formes d’ingérence sont polymorphes et touchent n’importe quel pays. Elles peuvent aussi bien émaner du pouvoir en place – avec des pratiques d’autoritarisme numérique et l’utilisation de l’IA – que d’acteurs externes visant à influer sur le processus démocratique, qu’il s’agisse d’autres Etats, d’entreprises ou même d’individus puissants.
Il vous reste 57.03% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.