Pour avoir proféré des menaces de mort contre des opposants au régime algérien sur les réseaux sociaux, l’influenceuse franco-algérienne Sofia Benlemmane a été condamnée à neuf mois de prison avec sursis, mardi 15 avril. Le tribunal correctionnel de Lyon a également condamné l’influenceuse de 54 ans à 200 heures de travail d’intérêt général et a ordonné la suspension pendant six mois de ses accès aux réseaux sociaux TikTok et Facebook, dans un contexte de tensions ravivées entre Paris et Alger.
Mme Benlemmane avait été interpellée au début de janvier, tout comme trois autres influenceurs algériens accusés d’avoir mis en ligne des contenus haineux et des appels à la violence. Dénonçant des « propos particulièrement graves, haineux, n’ayant aucune place dans une démocratie », le procureur avait requis, le 18 mars, un an de prison avec sursis.
Suivie sur TikTok et Facebook par près de 350 000 personnes (elle avait un compte sur X aussi, a priori moins connu), l’ancienne joueuse de football, grande supportrice des Fennecs, l’équipe nationale algérienne, était poursuivie pour des vidéos publiées depuis 2023. Notamment une séquence dans laquelle elle insultait une autre femme en lui lançant : « Nique ta mère toi et ta France ! » et « J’espère que tu seras tuée, j’espère qu’ils vont te tuer. »
Connue pour ses outrances
A la suite de la défaite en football de l’Algérie lors de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) contre la Mauritanie, en janvier 2024, Mme Benlemmane avait publié une autre vidéo, pour s’insurger contre ce résultat. « C’est à cause de vous qu’on a perdu, les Mauritaniens », avait-elle lancé, ajoutant « sale race de juif, sale race de traître ! ».
Lors de son procès, auquel elle avait assisté habillée aux couleurs de l’Algérie, elle avait invoqué « une façon de parler » et réfuté toute « intention de passer à l’acte ». « Les mots ont dépassé mes pensées », avait-elle assuré.
Son avocat avait évoqué des « mots renvoyés à l’emporte-pièce » au cours de « discussions de gamines ». « On lui prête une puissance intellectuelle, idéologique, et une influence qui ne sont pas les siennes », avait encore plaidé son avocat, Frédéric Lalliard, pour qui, « sans le contexte politique du moment, elle ne se serait jamais retrouvée devant un tribunal ».
Connue pour ses outrances, elle s’était fait expulser de Côte d’Ivoire pendant la CAN 2023 pour avoir tenu des propos racistes sur le pays hôte de la compétition. En octobre 2001, elle faisait partie de ceux qui avaient envahi la pelouse du Stade de France, où se déroulait un match amical France-Algérie, ce qui lui avait valu une condamnation à de la prison avec sursis.