Le marché automobile européen traverse une zone de turbulences. La journaliste Sophie Fay a récemment pointé la baisse persistante des ventes de véhicules neufs. Au cours de l’été, Luca de Meo (alors à la tête de Renault) et John Elkann (président de Stellantis), puis Ola Källenius (Mercedes) ont publiquement appelé les pouvoirs publics européens à alléger la régulation et à revoir à la baisse les objectifs de décarbonation à l’horizon 2035.

Entre la dégradation des finances publiques et des ventes de véhicules électriques en deçà des attentes, malgré les incitations, les gouvernements européens sont donc tentés de revoir leur feuille de route. Les subventions aux véhicules coûteuses et captées par les ménages aisés peinent à faire consensus.

Dans une note récente du Conseil d’analyse économique [CAE, un groupe d’experts indépendants placé auprès du premier ministre], réalisée avec l’appui de BPI France et de l’UFC-Que choisir, nous proposons une analyse de la situation qui suggère une réponse différente. L’industrie automobile subit un choc d’incertitude technologique, économique et politique. Cette incertitude pousse de nombreux conducteurs à différer l’achat d’un véhicule neuf, prolongeant l’usage de leurs véhicules thermiques. Ce phénomène est stressant pour les constructeurs, mais il est temporaire : il n’est pas possible de retarder indéfiniment l’achat d’un véhicule neuf.

Un plan d’épargne verte

La réponse appropriée est de rassurer les constructeurs et les opérateurs d’infrastructures électriques, non de réduire drastiquement les objectifs climatiques européens pour 2035. Cela rajouterait à l’incertitude politique et repousserait encore plus l’achat de véhicules neufs. Actuellement, des subventions importantes sont nécessaires pour les inciter à investir dès maintenant dans l’électrique. Or, ces aides coûteuses et clivantes pourraient être évitées en envoyant aux constructeurs et aux opérateurs d’infrastructures électriques un signal crédible sur la demande future.

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