« Qu’est devenu Samir ? » Pendant vingt ans, ils sont nombreux à s’être posé la question. Des anciens de l’Ecole nationale d’administration (ENA), parmi lesquels Alexandre Bompard, l’actuel PDG de Carrefour, Frédéric Oudéa, le patron de Sanofi, et peut-être même le président de la République, Emmanuel Macron, se sont demandé où était passé celui qui avait été leur camarade, leur coéquipier ou leur entraîneur, parfois les trois à la fois.

Mais cette interrogation a aussi été celle d’anciens footballeurs de l’AS Saint-Etienne ou encore d’exilés du Moyen-Orient. Car depuis le début des années 2000, Samir Soliman, aujourd’hui âgé de 65 ans, avait disparu de presque tous les radars, suscitant chez les uns et chez les autres de nombreuses craintes et même quelques fantasmes.

Etait-il retourné dans son pays, la Syrie, ravagé par de longues années de guerre civile, depuis 2011 ? Son incroyable histoire, celle d’un gamin du quartier populaire de Roukn Eddine, à Damas, devenu gardien de but des Verts, génération Platini, avant d’intégrer l’élite française, promotion Victor-Hugo de l’ENA en 1989, ce conte oriental puis occidental s’était-il tragiquement terminé ?

Samir Soliman n’a en réalité jamais vraiment quitté Paris. A L’Armandie, une brasserie du 15arrondissement de la capitale, située à côté de son domicile, il laisse son café refroidir tant il parle. Comme si le sexagénaire à l’allure toujours sportive et à l’élégance un brin surannée voulait rattraper le temps perdu et aligner enfin les mots, trop longtemps gardés pour lui. A l’écouter, il n’a pas mis les pieds en Syrie depuis 2001. Mais ce dernier voyage à Damas, au tout début du règne sanglant de Bachar Al-Assad, l’a traumatisé à jamais.

« Où que tu sois, on viendra te chercher »

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