Pour la première fois de son histoire, l’Eglise catholique a permis à des associations LGBT+ chrétiennes et à leurs soutiens de franchir officiellement la Porte sainte du Jubilé à la basilique Saint-Pierre de Rome, les 6 et 7 septembre. Cet événement marquant, qui s’inscrit dans le cadre de l’Année sainte – célébré tous les vingt-cinq ans pour offrir un temps de grâce et de pardon –, constitue une étape significative dans l’évolution de l’Eglise sur la question homosexuelle.

La décision de permettre cette participation s’inscrit dans la continuité de l’approche ouverte et inclusive du pape François à l’égard des personnes homosexuelles. Un tournant qui avait été amorcé dès le 29 juillet 2013, lors du vol de retour des Journées mondiales de la jeunesse à Rio de Janeiro (Brésil).

Ce jour-là, le pape argentin avait répondu à un journaliste qui l’interrogeait sur « la question du lobby gay », en déclarant : « Si une personne est gay et cherche le Seigneur, fait preuve de bonne volonté, qui suis-je pour la juger ? » Par cette phrase simple, François remettait en cause une tradition séculaire d’hostilité de l’Eglise envers les personnes LGBT+.

« Condition objectivement désordonnée »

En effet, au fil des siècles, l’institution romaine avait considéré l’homosexualité comme un péché grave, notamment en s’appuyant sur les interprétations littérales du récit biblique de Sodome et Gomorrhe, des prescriptions du Lévitique et des épîtres de Paul.

Selon l’historien John Boswell (1947-1994), à partir du XIVe siècle, l’Europe a cédé à une haine obsessionnelle envers l’homosexualité, perçue comme le péché ultime. L’homosexuel était vu comme un hérétique, et l’hérétique comme un homosexuel. Maurice Lever (1935-2006) va plus loin en soulignant que Rome a entretenu cette haine en confondant les deux catégories : « En collant l’étiquette d’hérétique sur l’homosexuel et celle d’homosexuel sur l’hérétique, l’Eglise entretenait la haine de l’un par la haine de l’autre. »

Il vous reste 70.22% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Share.
Exit mobile version