Pour aider à sauver la Sécurité sociale, résoudre le problème des déserts médicaux ou vaincre le cancer, l’intelligence artificielle (IA) se présente comme un outil prometteur et crédible. Les progrès et les perspectives annoncés, grâce à la puissance des algorithmes et à leur capacité de traiter des masses de données, laissent entrevoir de nouvelles opportunités. L’IA, en tant que technologie d’innovation et de rupture, semble s’imposer et aller de soi tant les preuves de son efficacité ne cessent d’être démontrées, pour poser le diagnostic d’une pathologie, affiner son pronostic, choisir la stratégie thérapeutique la plus adaptée, etc.

Tout conduit à penser que nous sommes engagés dans un processus irrémédiable, où, dans un avenir très proche, et parfois déjà là, l’IA interviendra dans la clinique et la prise en charge des parcours de santé. Cependant, sa performance technique ne suffit pas à en faire un outil capable d’équiper les structures médicales et d’accompagner les médecins au quotidien.

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Entre la technique et la pratique, il existe un vaste ensemble de règles, de codes, de normes, de jeu de structures, mais aussi de valeurs qui organisent et régulent les mondes sociaux. C’est ce qu’on appelle des institutions et c’est une des raisons pour lesquelles il est important de se pencher sur le sujet de l’IA dans le domaine de la santé : pour comprendre son degré de déploiement dans les structures et les pratiques médicales, il faut dépasser les seules prouesses techniques et examiner comment cette technologie s’adapte et se conforme aux règles institutionnelles de la médecine. Force est de constater que ces dernières constituent un obstacle que l’IA peine à franchir et que, dans un grand nombre de cas, elle n’est pas encore à même de s’y confronter. Deux notions permettent de comprendre la nature des enjeux, l’une de nature médicale, l’autre concernant les règles du marché.

« Chemins » invérifiables

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