La nomination de François Bayrou à Matignon donne la fâcheuse impression, à trois mois d’intervalle, que l’histoire bégaie. Le président de la République a une fois de plus refusé de tenir compte du suffrage populaire qui a mis la coalition du Nouveau Front populaire (NFP) en tête des législatives. Il a, ce faisant, préféré rester à la merci du Rassemblement national (RN).

Bien que l’adoption de la motion de censure ait fourni la preuve qu’un gouvernement soutenu uniquement par les partis du camp présidentiel et par Les Républicains (LR) ne pouvait guère tabler sur le soutien passif du RN, soumis à la pression de la majorité de ses électeurs, le président a choisi de persévérer… en pire. Il a remplacé un premier ministre de 73 ans issu d’un parti comptant 45 députés par un autre premier ministre du même âge issu d’un parti n’en comptant que 36, sans que celui-ci puisse prétendre incarner une forme d’alternance ou tabler sur le soutien sans faille des LR. On voit mal, dans ces conditions, comment le socle du futur gouvernement pourrait, par miracle, être plus solide que le précédent.

Les socialistes, les écologistes et les communistes s’étaient pourtant montrés plus constructifs qu’en juillet, renonçant à imposer un nom de premier ministre, à recourir à l’article 49.3 de la Constitution et à abolir la réforme des retraites sans solution de financement. Le choix présidentiel ne peut donc être ressenti par ces partis et leurs électeurs que comme un nouveau camouflet qui rend très hypothétique une quelconque indulgence de leur part, quelle que soit l’habileté du maire de Pau.

Pour durer jusqu’à l’été 2025, moment où une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale sera juridiquement possible, le gouvernement semble dès lors condamné à faire des concessions majeures au RN. On mesure ici le risque considérable pris par le président dont on voit mal comment, en cas de nouvelle motion de censure, il pourrait échapper à la démission.

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