L’arrivée au pouvoir de Donald Trump aux Etats-Unis a un mérite. Tous les acteurs politiques font leurs, comme au moment du Covid-19, les questions de souveraineté, d’autonomie stratégique, de renforcement de nos capacités d’innovation et industrielles. C’est la réponse à un président qui incarne un « America First » exacerbé, prêt à déstabiliser les alliances internationales et à mettre en péril les réseaux d’approvisionnement globaux.
Il en est pour l’autonomie stratégique et industrielle comme pour tout : il y a les paroles, il y a les actes. Ce qui se passe à Vencorex, à Arkema et dans l’ensemble du secteur stratégique de la chimie est, à ce titre, un cas d’école : la crédibilité de la parole politique sur les promesses de réindustrialisation est en jeu.
Vencorex, acteur incontournable de la plateforme chimique de Pont-de-Claix dans l’Isère, est un maillon essentiel de la souveraineté industrielle française et européenne. Ses productions – chlore, soude, monomères et isocyanates – alimentent des secteurs stratégiques comme la défense, l’aérospatial ou le nucléaire.
Pourtant, cette entreprise, placée en redressement judiciaire en septembre 2024, risque la liquidation, ce qui menacerait non seulement 460 emplois directs, mais aussi l’ensemble de la chaîne de valeur chimique du sud grenoblois, avec ses 6 000 emplois.
Nationalisation temporaire
Les conséquences seraient dramatiques. La fin de Vencorex entraînerait une cascade de fermetures d’usines, à commencer par Arkema, autre pilier industriel de la région, qui prévoit désormais une restructuration massive de son site de Jarrie (Isère). Le contrat d’approvisionnement en sel reliant les deux entreprises n’est plus honoré, entraînant un risque de dépendance aux importations pour des matières premières essentielles. Cette fragilité menace directement notre capacité à produire des éléments critiques pour la défense nationale et l’indépendance européenne.
Le rapport Draghi [remis à la Commission européenne le 9 septembre 2024] souligne justement les risques liés à la dépendance industrielle. L’Europe, loin de son ambition d’autonomie stratégique, souffre de décennies de sous-investissements dans l’innovation et l’industrie. Les crises de Vencorex et désormais d’Arkema illustrent ces défaillances structurelles : un tissu industriel stratégique laissé à l’abandon face à des investisseurs étrangers peu soucieux de nos intérêts souverains.
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