Avant même l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, le diagnostic était inquiétant : économiquement, l’Europe décroche face aux Etats-Unis depuis deux décennies. La tornade trumpienne crée un nouveau choc majeur. Abandon de l’Ukraine, cassure historique du lien transatlantique, annonces tonitruantes de guerre commerciale, y compris peut-être « 25 % » de droits de douane « prochainement » contre l’Union européenne (UE)… Donald Trump sature les ondes et les Européens sont sonnés.

Difficile de ne pas désespérer de la situation. Il existe pourtant en Europe quelques bonnes raisons de tordre le cou au déclinisme ambiant. D’abord parce que les populistes n’aiment rien tant que noircir la situation pour prospérer et que ce serait leur faire un trop beau cadeau que d’abonder dans leur sens. Ensuite parce que l’Europe conserve de vrais atouts.

Et à l’évidence d’abord : sa taille. L’UE est peut-être un nain géopolitique, mais elle pèse économiquement. Son produit intérieur brut est de 17 000 milliards d’euros, contre 25 000 milliards pour les Etats-Unis. « Une guerre commerciale avec l’Europe signifie se retrouver nez à nez avec une économie qui est plus ou moins de notre taille », avertit l’économiste américain Paul Krugman.

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De plus, l’UE est moins naïve que pendant la première présidence Trump (2017-2021). « On s’est doté de nouveaux instruments de rétorsion », souligne Elvire Fabry, de l’Institut Jacques Delors. En particulier, l’Europe a créé en 2023 un « instrument anticoercition ». Cette « arme nucléaire » du commerce, qui n’a jamais été utilisée, permet aux Européens de répliquer à un pays qui exercerait une « coercition économique ». Légalement, cela lui permet d’utiliser d’autres outils que les droits de douane. L’instrument autorise par exemple à bloquer l’accès d’un pays aux marchés publics européens, ou encore à suspendre ses droits de propriété intellectuelle. Il est possible aussi de viser des entreprises individuelles, voire des individus. « Elon Musk et ses entreprises pourraient en faire partie », estime Aslak Berg, du cercle de réflexion Centre for European Reform. Il suggère par exemple que les publicités sur le réseau social X – qui appartient au milliardaire – pourraient être interdites dans l’UE.

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