Condamné par la justice à agir avant le 1er juillet 2028, l’Etat ne pouvait plus perdre de temps. Si la préfecture des Bouches-du-Rhône relativise la portée de la décision du tribunal administratif de Marseille lui enjoignant de « mettre en sécurité » et de « dépolluer » une partie du littoral sud de la ville, la pression du jugement de décembre 2024 n’est pas étrangère à l’aboutissement d’un dossier qui traîne depuis vingt ans.

Entre la calanque de Samena et celle de Callelongue, le long de la cinégénique route des Goudes (8e), les pelleteuses sont entrées en action depuis le 1er septembre. Sept chantiers pour retirer ou sécuriser autant d’anciens crassiers, laissés là par les industries qui fleurissaient jusqu’au début du XXe siècle sur ce littoral de roches calcaires et de garrigue alors peu fréquenté. Des usines qui déversaient résidus de plomb, d’arsenic, de zinc et d’autres métaux lourds au plus près de leurs sites et parfois même directement au contact de la mer Méditerranée.

Dans ce cadre idyllique – ciel azur, roches blanches, mer qui scintille au soleil – parcouru désormais par une partie des 3 millions de visiteurs annuels du parc national des Calanques et nombre de locaux, difficile d’imaginer que l’on arpente un des territoires les plus pollués du littoral phocéen. Dès 2005 pourtant, un rapport de l’Institut de veille sanitaire (INVS), devenu en 2016 Santé publique France, alertait sur les dangers que représentaient ces scories, amas marron plongeant vers le rivage ou trônant sur les collines. L’étude soulevait le risque de saturnisme par ingestion de plomb pour les enfants, prônait l’interdiction de la pêche des oursins et des moules, décrétée dès 2005 et maintenue depuis, et préconisait la réhabilitation des sites pollués, avec une priorité pour ceux « habités et fréquentés par des usagers ».

Il vous reste 77.96% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Share.
Exit mobile version