L’impact de l’intelligence artificielle (IA) sur l’emploi et le travail est au cœur des débats contemporains, les avancées récentes de l’IA générative et les LLM (large language models ou grands modèles de langage) mettent de nouveau au premier plan le débat sur les effets de ces technologies sur l’emploi et le travail. Certains voient dans son adoption une promesse de productivité et de compétitivité accrue, y compris pour des professions souvent perçues comme vulnérables. D’autres, comme Daron Acemoglu [prix Nobel d’économie 2024], appellent à une IA « au service de l’être humain », mettant en garde contre des usages qui, loin d’améliorer les conditions de travail, les dégradent et creusent les inégalités.

Loin d’une vision binaire entre optimisme et catastrophisme, il est essentiel d’adopter une perspective nuancée, prenant en compte les gagnants et les perdants de cette révolution technologique. En effet, l’histoire économique nous rappelle que les transformations technologiques ont toujours induit des formes de chômage technologique, avant de réorganiser l’économie autour de nouvelles activités.

Ce fut le cas avec les déversements de l’emploi des secteurs agricoles vers l’industrie, puis de l’industrie vers les services aux XIXe et XXe siècles. Mais la nature de ces transformations est cruciale, la question n’est pas tant de savoir si le travail disparaîtra, car cela ne se produira pas, mais bien de comprendre qui bénéficiera de l’IA, et qui en subira les conséquences durant les phases de transition.

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Les recherches en économie évolutionnaire (porté notamment par Giovanni Dosi et l’école de Pise) montrent que l’adoption de l’IA et des technologies varie fortement selon les stratégies des entreprises. Certaines l’utilisent pour améliorer la qualité de leur production et valoriser les compétences des travailleurs. D’autres, en revanche, s’en servent pour réduire les coûts et automatiser des tâches, souvent au détriment des conditions d’emploi et de travail.

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