Après les Jeux olympiques (JO) vient le temps des Jeux paralympiques (JP), qui commencent le mercredi 28 août. « Le match aller s’est terminé, le match retour va s’ouvrir et nous offrir des émotions tout aussi fortes », a résumé Marie-Amélie Le Fur, présidente du Comité paralympique et sportif français auprès du Monde. En réalité, ces deux compétitions qui se succèdent ne sont pas tout à fait similaires. Nous avons listé au moins sept différences, dont certaines sont en train d’être gommées.

L’origine : deux histoires, à un demi-siècle d’écart

S’inspirant de la tradition de la Grèce antique, les JO renaissent dans leur version moderne en 1896 à Athènes, sous l’impulsion du Français Pierre de Coubertin. Ils sont complétés en 1924 par une édition d’hiver, à Chamonix (Haute-Savoie).

Les JP, eux, trouvent leur origine à Stoke Mandeville, dans un hôpital militaire au nord de Londres, en 1948. Le neurologue allemand Ludwig Guttmann imagine alors un moyen d’encourager la pratique physique chez ses patients paraplégiques, victimes et anciens combattants de la seconde guerre mondiale. Il organise les premiers Jeux mondiaux des chaises roulantes et des amputés, qui deviendront les Jeux de Stoke Mandeville.

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Les neuvièmes Jeux de Stoke Mandeville, qui se tiennent à Rome en 1960, une semaine après les JO, sont considérés comme les premiers JP à proprement parler. Seize ans plus tard, en 1976, la version hivernale naît en Suède.

Le parcours du relais de la flamme de Paris 2024 est un rappel de cet héritage historique. La flamme paralympique est partie de son berceau de Stoke Mandeville avant de traverser la France du 25 au 28 août, alors que la flamme olympique provient du site antique d’Olympie, en Grèce.

Les symboles : deux logos, deux devises et deux hymnes

Imaginés par Pierre de Coubertin en 1913, les cinq anneaux olympiques représentent les cinq continents. Leurs couleurs rappellent celles des drapeaux des différentes nations.

Il aura fallu vingt-huit ans pour que les JP acquièrent une représentation officielle. Depuis sa création en 1988, l’emblème a connu plusieurs évolutions et symbolise « le mouvement », selon le Comité international paralympique (CIP). Il se composait initialement de cinq formes reprenant les couleurs des anneaux olympiques. En 1994, seules trois formes (une rouge, une bleue et une verte) sont conservées, pour se différencier du logo des JO. Elles sont ensuite affinées en 2004, devenant des sortes de virgules appelées « agitos » (le mot latin agito signifiant « je bouge »).

Outre les anneaux, la devise « plus vite, plus haut, plus fort » est, elle aussi, réservée aux JO. Les JP ont la leur : « L’esprit en mouvement ». Tout comme un « hymne de l’avenir », composé par le Français Thierry Darnis et écrit par l’Australien Graeme Connors, qui se distingue de l’hymne olympique.

En revanche, lors de cette édition, les deux compétitions partagent le même emblème de Paris 2024 : un cercle doré avec une flamme blanche à l’intérieur.

Le lieu : vers une même ville hôte et des sites communs

Jusqu’en 1988, les JO et les JP ne se déroulaient pas systématiquement dans la même ville ou le même pays. En 1968, les JO d’été ont eu lieu au Mexique, tandis que les JP se déroulaient en Israël ; en 1980, les Jeux d’hiver se sont divisés entre les Etats-Unis et la Norvège.

Le Monde

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Séoul est la première ville à accueillir les deux Jeux, à l’été 1988. Les Jeux d’hiver suivants se sont réunis à Albertville (Savoie), en 1992. Les comités internationaux olympiques et paralympiques signent ensuite l’accord « Une candidature, une ville », qui entre en vigueur en 2008 pour garantir que les villes hôtes accueillent toujours les deux Jeux, et offrent les mêmes infrastructures de compétitions et installations, comme le village olympique, la restauration ou les soins médicaux. C’est le cas pour Paris 2024.

Les lieux de cérémonie ne sont pas nécessairement les mêmes. Les JO de Paris 2024 ont été lancés avec un spectacle de six kilomètres sur la Seine jusqu’au Trocadéro, quand la cérémonie d’ouverture des JP, également hors d’un stade, descendra les Champs-Elysées jusqu’à la place de la Concorde.

Les dates : un calendrier décalé

Les JP se tiennent la même année que leur équivalent olympique, mais pas simultanément. Selon un accord conclu en 2001, « les Jeux paralympiques se dérouleront toujours peu de temps après les Jeux olympiques ».

Dix-sept jours séparent ainsi les JO et les JP de Paris 2024. Pendant ce délai, les sites de compétitions sont préparés à accueillir les nouvelles épreuves.

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Ce décalage invisibilise-t-il les athlètes paralympiques qui arrivent après les festivités des JO ? Sur le site officiel de Paris 2024, le président du CIP, Andrew Parsons, défend une autre approche : « Les Jeux paralympiques sont un moment unique de célébration des athlètes paralympiques. C’est leur moment ! Faire un événement unique banaliserait ou noierait les performances exceptionnelles de ces athlètes qui méritent toute notre attention. »

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Le comité d’organisation explique que pour faire un événement commun, la logistique et les coûts seraient « pharaoniques », car il faudrait que le village olympique et le service de transports soient adaptés, et que « l’ensemble des installations soit doublé », ou bien « doubler la durée des Jeux ». Quant à l’option d’organiser les JP avant les JO, Andrew Parsons l’écarte, car cela leur donnerait « l’image d’une répétition ou d’un test ».

Les sports en compétition : des disciplines adaptées, d’autres spécifiques

Escrime fauteuil, basket fauteuil, para aviron, para athlétisme… Les disciplines paralympiques sont, pour la plupart, des déclinaisons de celles pratiquées aux JO.

Certains sports sont très similaires, à l’image du para judo, dédié aux malvoyants et non voyants, où la seule différence est que les athlètes doivent être en contact avec la tenue de leur adversaire avant le combat.

La plupart du temps, des adaptations sont réalisées au niveau du matériel – comme en para tir à l’arc (arc à poulies) et en cyclisme (vélo classique, handbike, tandem ou tricycle) – ou des règles – en para taekwondo (frappes uniquement sur le torse) et en tennis fauteuil (la balle peut rebondir deux fois). Si les reprises de dribble et les « marcher » sont adaptés en basket fauteuil, les paniers restent à 3,05 mètres, soit la même hauteur que pour LeBron James.

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D’autres sports sont très différents. Le rugby fauteuil ne se joue pas avec un ballon ovale… mais un ballon de volley, sur un terrain de basket, avec la possibilité de passer en avant (mais les chocs entre fauteuils roulants sont aussi impressionnants que les plaquages). Le volley-ball se pratique assis, sur un terrain plus petit et avec un filet plus bas car les joueurs doivent rester les fesses ou le dos au sol.

Deux sports sont spécifiques aux JP : la boccia – une sorte de pétanque, généralement pratiquée en fauteuil roulant, parfois avec une assistance – et le goalball – sport collectif de ballon qui se joue principalement allongé au sol et avec un masque sur les yeux.

Le nombre d’épreuves et de participants : des chiffres qui diffèrent

Les JP se révèlent bien plus denses que les JO, avec 549 épreuves pour vingt-trois disciplines, du fait de la multiplicité de catégories en fonction des handicaps. Les JO comptent, eux, 329 épreuves pour plus de quarante disciplines.

S’il est possible d’enchaîner autant de compétitions paralympiques en onze jours, contre seize pour les JO, c’est parce que le nombre de participants y est deux fois moins élevé (10 500 pour les JO, environ 4 400 pour les JP).

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Pour les JO, le Comité international olympique avait annoncé une stricte parité entre les athlètes – même si elle n’a pas été atteinte parfaitement. Pour les JP, le CIP a prévu 339 places de plus pour les hommes. Le cécifoot est, par exemple, exclusivement masculin.

Les médailles : deux types de design

La médaille d’or de Léon Marchand en 200 mètres brasse, remportée à La Défense Arena, le 31 juillet 2024.

Si le système de médailles d’or, d’argent et de bronze est le même pour les deux compétitions, le design est différent. Pour les JO, l’une des faces est ornée des célèbres anneaux et d’une représentation de la déesse grecque de la victoire, Niké ; pour les JP, le symbole des agitos est inséré au centre d’une vue de la tour Eiffel, avec « Paris 2024 » écrit en braille. L’autre face des médailles, par contre, est identique, avec la même insertion d’un morceau de la tour Eiffel.

Depuis les JP de Londres 2012, les guides (para athlétisme et para triathlon) et pilotes (para cyclisme et para triathlon) qui accompagnent les compétiteurs malvoyants ou non voyants sont, eux aussi, récompensés d’une médaille quand l’athlète finit sur le podium. Ils ne doivent néanmoins jamais franchir la ligne d’arrivée avant la personne qu’ils accompagnent.

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