En 2023, le revenu moyen d’un livreur Uber Eats est de 4,50 euros, pour une prestation moyenne d’environ douze minutes. A l’heure, et en prenant en compte l’attente entre chaque course, un autoentrepreneur qui travaillerait systématiquement pour la plateforme en acceptant toutes les courses atteindrait 10,10 euros. Soustraction faite des cotisations liées à ce régime − autour de 20 % −, le revenu net moyen d’un livreur serait bien en dessous du smic horaire net (9,23 euros).
Ces données sont issues d’une analyse publiée, mercredi 2 octobre, par le Pôle d’expertise de la régulation numérique du ministère de l’économie et des finances et l’Autorité des relations sociales des plateformes d’emploi (ARPE). Elle établit qu’entre 2021 et 2023, période de forte inflation, les revenus des chauffeurs VTC ont stagné, tandis que ceux des livreurs de repas à domicile ont baissé.
Dans le détail, les données sont celles que toute plateforme est tenue de communiquer chaque année aux autorités. Côté VTC, on apprend par exemple que le revenu par prestation varie entre 11 et 19 euros pour les principales plateformes que sont Bolt, Uber ou Heetch, mais atteint 40 euros chez LeCab et Marcel, où les courses sont plus longues et haut de gamme.
Dégradation des conditions de travail
Côté livreurs, les courses sont mieux payées chez Deliveroo (5,50 euros) ou Stuart (6 euros) que chez Uber Eats (4,50 euros), mais chaque plateforme a ses spécificités. Ces chiffres permettent d’obtenir un revenu horaire moyen théorique, mais qui n’est pas exploitable car la plupart des autoentrepreneurs travaillent pour plusieurs plateformes, et parce qu’il ne comprend pas l’attente entre plusieurs prestations.
L’étude de l’ARPE propose justement une estimation du revenu horaire moyen avec le temps d’attente. Chez Uber et Bolt, les deux leaders, le montant est légèrement sous les 40 euros de l’heure en 2023. Chez Heetch, il est d’à peine 25 euros. C’est une estimation haute, car elle fait le postulat qu’un autoentrepreneur accepterait toutes les prestations proposées. Il faut aussi y ajouter les cotisations et les charges (entretien du véhicule…). Pour ce qui est des coursiers, où il y a certes moins de charges, on tombe chez Deliveroo à 16,80 euros (contre 17,3 en 2021), et donc à 10,10 euros (contre 11,9) chez Uber Eats.
Depuis plusieurs années, les différentes organisations de chauffeurs et livreurs autoentrepreneurs insistent sur la dégradation des conditions de travail dans leurs secteurs, où la part de travailleurs sans papiers augmente constamment, afin de remplacer ceux qui renoncent pour trouver mieux ailleurs.
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