Le papier peint, le jardin, son chemisier : tout est fleuri chez Zohra Bendjaballah à Grande-Synthe (Nord). A 69 ans, cette mère de quatre enfants met du temps à ouvrir la porte de la maison familiale, mais pas à parler de son fils Djamel, mort le 31 août 2024. Elle farfouille dans sa cafetière, cherche ses mots – « je les oublie tout le temps depuis sa mort », verse l’eau frémissante – « j’ai des flashs, je l’imagine seul, si vulnérable au milieu de la rue avec cette voiture qui lui fonce dessus », s’assoit à la table de la cuisine recouverte d’une toile cirée au motif fleuri lui aussi.
Elle remplit les tasses de café mais s’interrompt d’un coup pour se relever, saisir un colis enroulé de plastique – « avant de commencer, il faut que vous voyez ça » – et en extraire deux petits cochons en chocolat blanc de Pâques. Deux statuettes au sourire benêt, comme autant de preuves du harcèlement raciste que son fils Djamel subissait de la part de Jérôme Decofour, ex-conjoint et père des deux enfants de sa compagne, Valérie (son prénom et ceux des mineurs ont été modifiés). « Même les cadeaux pour ses enfants, il les faisait par racisme pour Djamel et pas pour ses enfants », estime-t-elle.
Les cochons en chocolat, la famille de Djamel Bendjaballah les a récupérés dans une grande valise avec ses affaires. A l’intérieur, il y avait aussi les deux plaintes que l’éducateur spécialisé de 43 ans avait déposées pour « injure non publique en raison de l’origine, l’ethnie, la nation, la race ou la religion » en juin et août 2023 contre Jérôme Decofour. Pour autant, le menuisier de 44 ans n’est mis en examen que pour « meurtre », et non pour « meurtre commis en raison de la race, l’ethnie, la nation ou la religion ».
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