Le drapeau est un objet dangereux. Comment ne pas souscrire à cet avertissement de l’historien Michel Pastoureau ? Des vies ont été souvent sacrifiées pour une bannière flottant au vent. Mais ce bout de tissu peut aussi être perçu comme un signe d’appartenance à une communauté humaine, à une culture, à des valeurs. Il est un signe de reconnaissance, de joie, de fête nationale et pas forcément nationaliste, de fierté collective, comme ces fanions exubérants dans La Rue Montorgueil (1878), le tableau de Claude Monet, ou lors de parades cathartiques dans les avenues du pays, un soir de victoire en Coupe du monde de football.

Dans la plupart des communes de France, il sera encore de sortie ce 8 mai, lors des cérémonies marquant la fin de la seconde guerre mondiale. Le photographe Guillaume Herbaut s’est penché sur cet emblème si riche de sens et de contradictions. Le 11 novembre 2014, ce reporter de guerre se retrouve devant le monument aux morts de Tergnier, en Picardie. Quelle n’est pas sa surprise de découvrir, parmi les porte-drapeaux chenus, des jeunes gens tenant fièrement la hampe.

Ils étaient le miroir, à travers le temps, des anciens combattants qui étaient à peine plus âgés que ces gamins quand ils furent envoyés défendre la patrie. Ils étaient le reflet moderne de Jean Herbaut, l’arrière-grand-père de Guillaume, mort dès le début du massacre, à l’été 1914. Le photographe rentrait alors d’Ukraine, où il avait couvert la révolution de Maïdan, au tournant des années 2013 et 2014.

Français à part entière

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