Un homme nettoie le sol d’une maison endommagée par des inondations, après des pluis torrentielles, à Poza Rica, au Mexique, le 16 octobre 2025.

Près de 80 % des pauvres dans le monde, soit près de 900 millions de personnes, sont plus directement exposés à des aléas climatiques, renforcés par le réchauffement de la planète, un « double fardeau » sur lequel alerte l’ONU, vendredi 17 octobre.

Canicules, sécheresses, inondations… « Personne n’est épargné par les impacts de plus en plus forts et fréquents du changement climatique (…), mais les plus pauvres d’entre nous sont le plus durement touchés », a commenté Haoliang Xu, administrateur par intérim du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). La COP30, prévue au Brésil en novembre, « doit être l’occasion pour les dirigeants mondiaux de considérer l’action climatique comme une action contre la pauvreté », a-t-il dit dans une déclaration écrite à l’Agence France-Presse.

Le PNUD et le centre de recherche Initiative d’Oxford sur la pauvreté et le développement humain (OPHI) publient chaque année l’Indice de pauvreté multidimensionnelle mondial, qui brasse désormais des données de 109 pays, où vivent 6,3 milliards de personnes. Cet indice prend en compte des indicateurs tels que la malnutrition, la mortalité infantile et le manque de logements adéquats, de systèmes d’assainissement, d’électricité ou d’accès à l’éducation.

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Selon leurs conclusions publiées dans leur rapport annuel, 1,1 milliard de personnes vivaient en 2024 dans une pauvreté multidimensionnelle « aiguë », dont la moitié étaient mineures. Les chiffres, similaires à ceux de l’année précédente, témoignent d’une tendance à la stagnation de cette pauvreté multidimensionnelle.

L’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud particulièrement vulnérables

Deux régions sont particulièrement touchées par cette pauvreté : l’Afrique subsaharienne (565 millions de pauvres) et l’Asie du Sud (390 millions), en outre très vulnérables aux impacts du changement climatique. Dans ce contexte, à quelques semaines de la COP30, le PNUD et l’OPHI ont voulu cette année mettre en lumière le « chevauchement » entre cette pauvreté et l’exposition à quatre risques environnementaux : chaleur extrême (au moins trente jours où sont dépassés les 35 °C), sécheresse, inondations et pollution de l’air (concentration de particules fines).

Résultat : 78,8 % de ces populations pauvres (887 millions de personnes) sont exposées directement à au moins une de ces menaces, avec la chaleur extrême arrivant en tête (608 millions), devant la pollution de l’air (577 millions), les inondations (465 millions) et la sécheresse (207 millions). De plus, 651 millions de personnes sont exposées à au moins deux des risques, 309 millions à trois ou quatre risques, et 11 millions ont même déjà subi les quatre dans la même année. « La concomitance de la pauvreté et des aléas climatiques est clairement un problème mondial », insiste le rapport.

« Tracer un nouveau chemin »

Inversement, la multiplication des événements climatiques extrêmes menace les progrès de développement. L’Asie du Sud a prouvé son « succès » en matière de lutte contre la pauvreté, mais 99,1 % de sa population pauvre est exposée à au moins un aléa climatique. La région « doit une fois encore tracer un nouveau chemin, en équilibrant réduction déterminée de la pauvreté et action climatique innovante ».

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Alors que le climat s’est déjà réchauffé d’environ 1,4 °C par rapport au XIXe siècle, la situation risque de s’aggraver et les projections disent, par exemple, que les pays les plus pauvres aujourd’hui sont ceux qui seront le plus frappés par l’augmentation des températures.

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« Face à ces pressions qui se chevauchent, il faut donner la priorité à la fois aux populations et à la planète, et surtout passer de la description à l’action rapide », plaide le rapport, qui ajoute : « Aligner réduction de la pauvreté, baisse des émissions [de gaz à effet de serre], adaptation aux impacts et restauration des écosystèmes permet l’émergence et le développement de communautés résilientes, sans laisser personne au bord de la route, en particulier ceux en première ligne dans un monde qui se réchauffe. »

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Le Monde avec AFP

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