Inauguré en juillet, le pont Simone-Veil relie désormais entre elles les deux rives de la Garonne au sud de Bordeaux. Cet ouvrage monumental, 549 mètres de long pour 44 de large, fait le lien entre le tout nouveau quartier Euratlantique, situé en lisière de Bègles (Gironde), et la commune de Floirac sur la rive droite. Livré avec quatre ans de retard, il était attendu de pied ferme. Un conflit portant sur le coût de l’opération avait conduit la métropole, maîtresse d’ouvrage, à changer d’entreprise de construction en cours de chantier.
Sur le plan formel, l’ouvrage n’a rien d’éblouissant. Il se présente sous l’aspect plutôt fruste d’une lame de béton légèrement bombée, portée par seize piles orthogonales alignées par deux. C’est sa qualité d’usage qui le distingue : le plaisir qu’il y a à l’arpenter autrement qu’en voiture, à s’arrêter un instant, à s’accouder au garde-corps pour contempler le paysage depuis ce point de vue inédit, à s’installer sur une des grandes assises qui scandent la traversée pour téléphoner ou, pourquoi pas, lire un livre.
C’est tout l’enjeu de sa grande largeur qui a permis, en marge des voies respectivement réservées à la circulation automobile, aux bus, et aux vélos, de déployer sur 15 mètres un vaste espace piéton dont il est envisageable à l’avenir, et même dès à présent, qu’il déborde ces limites qu’on lui a posées. Notamment si un événement festif l’exige (des prises foraines ont été installées pour cela). Au moment du concours, les architectes Rem Koolhaas et Chris van Duijn, son associé au sein de l’agence OMA, ont cité comme référence le Rialto, le célèbre pont habité de Venise, ainsi que le pont de Galata, à Istanbul.
Belle place aux mobilités douces
Cette nouvelle infrastructure s’inscrit dans la dynamique de transformation urbaine qui, depuis la création du tramway et l’aménagement des quais de Bordeaux, au début des années 2000, a vu sortir de terre tout un archipel de nouveaux quartiers. A l’échelle métropolitaine, il est encore question de « pacifier » la circulation de l’A63 à son arrivée à Bègles, le long de la Garonne, à l’approche de ce nouveau pont Simone-Veil qui marque l’entrée dans Bordeaux ; d’en réduire le nombre de voies, autrement dit, de ralentir la circulation, de faire place aux mobilités douces, d’aménager les berges du fleuve…
Le projet d’OMA prépare le terrain, en quelque sorte. Il a conduit à reconfigurer la circulation aux deux entrées du pont et à prolonger l’espace public qu’il propose jusqu’au bord de l’eau. Un épatant petit parc paysager a ainsi été conçu face à la salle de spectacle de l’Arkéa Arena, côté Floirac, agrémenté de grandes installations, à mi-chemin entre art public et agrès ludiques.
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