
Dans les couloirs du tribunal judiciaire de Paris, en cet après-midi de juin, un homme en débardeur cherche le numéro de la salle d’audience où il doit comparaître. Des avocats potassent leur plaidoirie. Claire (prénom modifié) sort du premier jour de procès des 16 membres du groupuscule d’ultradroite AFO, jugés pour « association de malfaiteurs terroriste », à la 16e chambre correctionnelle.
La quadragénaire, au chômage depuis quelques mois, est une habituée. « Je n’habite pas trop loin. Quand je bossais, je venais une heure en fin de journée. » Depuis qu’elle est inscrite à France Travail, cette ancienne cadre de la tech assiste, deux à trois fois par semaine, à des audiences sélectionnées sur le site de l’Association de la presse judiciaire. « Il m’arrive aussi d’entrer dans une salle au hasard », confie-t-elle.
Un étage plus haut, une femme se promène dans les couloirs, un bonnet phrygien sur la tête. « Je travaille dans un sex-shop à Pigalle, j’y retourne dans une heure. Entre-temps, je viens ici, raconte celle qui, comme de nombreuses personnes interrogées, a préféré garder l’anonymat. Hier, j’étais au Sénat. Avant-hier, à l’Assemblée nationale. » Retraités, chômeurs, badauds, marginaux… Du lundi au vendredi, ils assistent à des procès comme ils iraient au cinéma : en spectateurs. Seuls ou en groupes.
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