
Dans les catalogues, la biographie de l’artiste est laconique : « Pol Pierart est né en 1955 à Liège. Il a fait ses études à l’Académie royale des beaux-arts de Liège, où il intègre la section peinture décorative, avec la photographie en option. » Rien de plus sur l’homme. C’est court, et de nature à induire en erreur. La mention de la peinture décorative est en effet trompeuse, car ses œuvres n’aspirent pas à séduire. Quand il peint, c’est pour écrire, ce qui justifie que l’une de ses deux expositions simultanées parisiennes se tienne dans une librairie, Métamorphoses, dans le 6e arrondissement.
Il commence par teindre à l’acrylique des toiles aux bords coupés plus ou moins droit. Elles refusent le châssis et le cadre : elles s’épinglent sur le mur. Cette modestie se retrouve dans la technique. La toile est couverte d’une couleur, une seule d’ordinaire : rose, orange, violet, bleu, etc. Mais ce n’est pas un monochrome, car les passages de la brosse demeurent visibles et la teinte change d’intensité selon les zones.
Sur cette surface chatoyante, Pierart écrit, avec la même apparente négligence. Ses capitales tremblent. Entre les plus grandes, de plus petites se glissent, qui donnent à lire un autre mot. Par exemple : « DE(ce)VOIR », « SO(um)IS » ou « JE SU(rv)IS ». Ou une lettre en recouvre à une autre, de sorte que « tout ment » devient « tourment ». Ou encore une lettre est biffée, tel le « b » sans lequel « aimer » n’est pas encore « abîmer ». Pierart a d’autres subterfuges orthographiques encore, inversions ou superpositions.
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