Né en 1981, Morgan Fache exerce le métier de photographe de presse depuis 2012. Il revient sur son reportage effectué, fin décembre 2024, après le passage du cyclone Chido à Mayotte, où Le Monde a choisi de l’envoyer, eu égard à sa connaissance du terrain.

D’où vient votre intérêt pour Mayotte ?

Je me suis toujours intéressé aux territoires ultramarins français. Avant 2012, j’étais travailleur social, et j’ai eu l’occasion d’exercer en Nouvelle-Calédonie. C’est cette mission qui m’a décidé à changer de voie professionnelle et à quitter l’aide sociale pour essayer de raconter « de l’extérieur » ces histoires dont j’étais le témoin. J’ai opté pour le médium photographique et j’ai commencé à travailler sur les sujets touchant à l’héritage de la colonisation dès ma sortie de formation de journaliste. Il était évident pour moi que je choisirais les territoires ultramarins français comme cadre pour ce travail.

Mon travail porte sur la question insulaire dans ces territoires, ce qui englobe des thèmes tels que la place de la colonisation et l’image de la France historique. J’ai commencé ce travail à partir de l’île de La Réunion, où j’étais alors installé. De là, j’ai effectué six voyages pour travailler à Mayotte, à partir de 2018. J’y ai de nombreux amis.

Lire le reportage | Article réservé à nos abonnés A Mayotte, le sentiment d’abandon des « oubliés » du nord-ouest de l’île frappés par l’œil du cyclone

En pratique, comment avez-vous pu rejoindre Mayotte, touchée par une catastrophe naturelle, puis commencer à travailler ?

J’étais chez moi, en France métropolitaine, et je rentrais tout juste d’un reportage à La Réunion quand j’ai appris le passage du cyclone Chido et la dévastation à Mayotte. Mon premier réflexe a été d’essayer de joindre mes connaissances sur place pour m’assurer de leur bonne santé. Sachant que, dans ce département le plus pauvre de France, environ 40 % de l’habitat est précaire, j’étais très inquiet pour les gens vivant dans les « bangas » [maisons en tôles]. Malheureusement, les communications étant coupées. Je n’ai pu avoir des nouvelles que plusieurs jours plus tard, une fois à Mayotte.

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