Récupération de  sacs de farine par des Palestiniens, près de Jabaliya, dans le nord de la bande de Gaza, le 27 juillet 2025.

Antoine Renard est directeur du Programme alimentaire mondial (PAM) en Palestine. Le Monde l’a joint alors qu’il est en mission en Gaza.

Vous êtes à Gaza depuis lundi 28 juillet. Quels signes de famine constatez-vous ?

Les visages très émaciés que l’on voit sont un indice de la vague de faim en cours. A Deir Al-Balah, une mère de famille m’a dit passer parfois deux jours sans manger afin de nourrir ses trois enfants, auxquels elle n’est en mesure de donner qu’un peu de pain pita, et avoir perdu 20 kilos depuis le début de la guerre [en octobre 2023]. Les individus qui ont pu aider, au cours des vingt-deux mois passés, cette famille, déjà très pauvre avant le conflit, n’en ont plus les moyens : chaque foyer à Gaza est à un stade de survie.

Près de Khan Younès, un père de trois enfants, aux visages très fins, m’a rapporté qu’il s’était rendu, pour la première fois, à proximité des convois d’aide, parce que les systèmes de distribution alimentaire sont dans l’incapacité de fonctionner et qu’il n’y a plus qu’une soixantaine de cuisines collectives dans toute la bande de Gaza. Il a réussi à obtenir un sac de farine. Il pleurait en me parlant : un homme, qu’il avait vu sur place avec son enfant, était mort après avoir reçu une balle perdue. C’est vous dire le niveau de désespoir : les Gazaouis risquent leur vie pour un kilo de farine.

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