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Dès cette rentrée 2025, le ministère de l’éducation nationale a décidé unilatéralement de modifier en profondeur le recrutement et la formation des enseignants, en avançant le concours au niveau licence (en 3année), en créant des écoles normales supérieures du professorat (ENSP) et en présentant de nouvelles épreuves du capes pour la prochaine session.

Associations de l’enseignement secondaire et du supérieur, nous exprimons nos plus vives inquiétudes sur le calendrier et les conditions de mise en place de cette réforme, ainsi que sur les incertitudes qui pèsent sur le contenu de la formation initiale des futurs professeurs de sciences économiques et sociales (SES).

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Le positionnement du capes à bac + 3 contre bac + 5 actuellement ne pourra que se traduire par un appauvrissement de la maîtrise des connaissances des enseignants dès lors que la formation post-concours au sein des ENSP n’accordera qu’une place limitée aux enseignements disciplinaires.

La suppression d’un parcours spécifiquement consacré à la préparation aux concours (celle-ci se faisant uniquement par des modules additionnels aux enseignements des licences universitaires existantes) pose par ailleurs un problème spécifique pour les matières pluridisciplinaires comme les sciences économiques et sociales : comment un étudiant en licence d’économie pourra-t-il suffisamment se former en sociologie et science politique, et vice versa ? Quid des profils d’étudiants plus variés en sciences humaines et sociales, qui jusqu’ici pouvaient combler leur retard au cours des deux années de master et nourrissaient aussi les promotions par la diversité de leurs formations et expériences ?

Un moratoire mais pas de statu quo

Si les nouvelles épreuves du capes envisagent un choix par les candidats d’un « domaine majeur » et d’un « domaine mineur » (qui ne compterait que pour moins d’un quart de la note globale) entre « science économique » et « sociologie et science politique », cette modalité ne ferait donc qu’acter la fragilisation des connaissances des lauréats induite par cette absence de préparation spécifique.

Ces nouvelles épreuves sont aussi marquées par la suppression des questions d’épistémologie et d’histoire de la pensée : une telle réduction des exigences et de l’ambition des épreuves ne permettra pas d’évaluer la capacité du candidat ou de la candidate à contextualiser les savoirs et les théories en sciences sociales.

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