Des réfugiés afrikaners arrivent à l’aéroport de Dulles, en Virginie, aux Etats-Unis, le 12 mais 2025.

Les Etats-Unis ont annoncé, jeudi 30 octobre, une diminution historique du nombre de réfugiés qu’ils sont prêts à accueillir chaque année. La majorité des personnes qui bénéficieront du droit d’asile seront des Afrikaners, les blancs d’Afrique du Sud, précise un document de la Maison Blanche rendu public jeudi.

L’administration Trump a fixé à quelque 7 500 le nombre de personnes qui se verront accorder le statut de réfugié cette année, contre environ 100 000 par an sous l’ancien président démocrate Joe Biden. Il s’agit d’un revirement majeur dans ce pays où l’asile est une tradition bien ancrée depuis des décennies.

Dès son retour au pouvoir en janvier, le président américain, Donald Trump, a sabré dans l’aide étrangère des Etats-Unis et opéré un raidissement de la politique d’immigration. Son administration consacre d’importants moyens à l’expulsion d’immigrés clandestins et a gelé l’accueil de demandeurs d’asile et autres réfugiés.

« Le nombre d’admissions sera principalement réparti entre les Afrikaners d’Afrique du Sud (…) et d’autres victimes de discrimination illégale ou injuste dans leur pays d’origine respectif », stipule le texte daté du 30 septembre et qui doit être publié vendredi dans le registre fédéral. Les Afrikaners sont les descendants des premiers colons européens en Afrique du Sud.

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Le 7 février, le dirigeant républicain avait déjà pris un décret leur accordant le statut de réfugié. En mai, une cinquantaine d’entre eux ont été accueillis aux Etats-Unis sous ce statut une initiative vigoureusement contestée par Pretoria. L’administration Trump prétend que les Afrikaners sont spoliés de leurs terres et persécutés dans leur pays.

Les associations de défense des immigrés crient au scandale

Les Afrikaners constituent la majorité de la population blanche d’Afrique du Sud. C’est de cette frange de la population que sont issus les dirigeants politiques qui ont institué l’apartheid. Ce système de ségrégation raciale a privé la population noire – très majoritaire – de la plupart de ses droits de 1948 jusqu’au début des années 1990.

La minorité blanche représente un peu plus de 7 % de la population, mais possédait 72 % des terres agricoles en 2017, selon les dernières statistiques gouvernementales connues. L’héritage d’une politique d’expropriation de la population noire pendant la colonisation puis l’apartheid, que des lois votées depuis 1994 visent à réviser.

Le président Trump a dénoncé à plusieurs reprises leur « situation terrible », et évoqué, sans aucun fondement, un « génocide ».

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Dès l’annonce de la décision de la Maison Blanche, des ONG et associations de défense des immigrés ont crié au scandale. Depuis 1980, « plus de deux millions de personnes fuyant la persécution ont été admises aux Etats-Unis » dans le cadre du programme d’accueil de réfugiés, a relevé Aaron Reichlin-Melnick, du American Immigration Council. « Désormais, il servira de voie d’immigration pour les Blancs », a-t-il dénoncé sur X.

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Depuis des décennies, le programme d’accueil des réfugiés « est une bouée de sauvetage pour les familles qui fuient la guerre, la persécution et la répression », a rappelé Krish O’Mara Vignarajah, qui dirige l’association Global Refuge. « A l’heure où des pays tels que l’Afghanistan, le Venezuela, le Soudan et bien d’autres sont en crise, concentrer la grande majorité des admissions sur un seul groupe sape l’objectif du programme ainsi que sa crédibilité », a-t-il déploré dans un communiqué.

L’administration Trump avait déjà supprimé un statut spécial d’accueil temporaire qui protégeait notamment les ressortissants d’Afghanistan, de Haïti et du Venezuela.

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Le Monde avec AFP

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