« Capitulation », « humiliation », « jour sombre » : l’accord commercial que les Etats-Unis et l’Union européenne (UE) ont conclu le 27 juillet, à Turnberry, en Ecosse, a fait couler beaucoup d’encre en France, faisant du pays une exception (aux côtés de la Hongrie) en Europe. Du point de vue politique, ces réactions semblent fondées : l’accord, qui prévoit des droits de douane de 15 % sur les importations américaines en provenance de l’UE, peut paraître déséquilibré.

Du point de vue économique, la réalité pourrait être plus nuancée : comme je le souligne dans un nouveau rapport, publié le 17 septembre, pour le Conseil européen pour les relations internationales, les Etats-Unis, plus que l’Europe, seront les grands perdants des guerres commerciales de Trump.

Une première idée reçue consiste à penser que l’UE, la Chine et les autres partenaires commerciaux des Etats-Unis paieront le prix des tarifs douaniers américains. Un sondage, publié le 9 septembre dans Le Grand Continent, illustre ce sentiment : 89 % des Français estiment que l’économie américaine sera le premier bénéficiaire de l’accord de juillet. D’un point de vue économique, c’est un contresens. Les droits de douane sont une taxe que les entreprises américaines régleront sur leurs importations. Dans l’immense majorité des cas, celles-ci répercuteront la hausse des coûts aux consommateurs, une situation qui va alimenter l’inflation et peser sur la croissance.

Les chiffres du centre de recherche Budget Lab de l’université Yale (Connecticut) permettent de mieux cerner l’impact des tarifs douaniers sur l’économie américaine. Selon cet institut, la hausse des prix provoquée pourrait coûter 2 400 dollars [environ 2 050 euros] à chaque ménage américain en 2025. Les foyers modestes, qui consomment plus de produits importés, seront les plus touchés par ces hausses de prix.

En plus de peser sur la consommation, ces hausses vont entraîner un ralentissement de l’activité, notamment dans la construction et l’agriculture. Au total, les guerres commerciales de Trump pourraient entraîner une baisse de 0,5 point de produit intérieur brut de la croissance américaine en 2025 et 2026.

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