Le shutdown est en passe de devenir réalité, mercredi 1er octobre à partir de 0 h 01 (heure de Washington, 6 h 01 à Paris), faute d’accord au Congrès des Etats-Unis sur un texte budgétaire entre les républicains, alliés de Donald Trump, et les démocrates, dans l’opposition.
Après l’échec d’un dernier vote, une partie de l’administration fédérale risque de se retrouver paralysée et des centaines de milliers de fonctionnaires au chômage technique, avec un versement différé de leur traitement. Le trafic aérien pourrait être affecté tandis que l’allocation de nombreuses aides sociales devrait être fortement perturbée.
Si les républicains disposent de la majorité dans les deux chambres du Congrès, le règlement du Sénat fait qu’un texte budgétaire doit être adopté à 60 voix sur 100, nécessitant donc au moins sept voix démocrates. Mais le vote pour un prolongement pendant sept semaines du financement fédéral n’a recueilli que 55 voix favorables, et 45 contre.
Selon les calculs des analystes de la compagnie d’assurances Nationwide, chaque semaine de shutdown pourrait réduire la croissance annuelle du produit intérieur brut américain de 0,2 point de pourcentage.
Donald Trump menace de « choses irréversibles »
Avant l’échéance, Donald Trump avait fait monter la pression en accusant les démocrates de vouloir « tout fermer », en raison de leur refus d’accepter le budget voulu par les républicains, et en assurant que la situation pourrait avoir de graves conséquences.
« Nous pouvons, durant le “shutdown”, faire des choses qui sont irréversibles, qui seront mauvaises pour eux. Comme licencier de nombreuses personnes », avait avancé le président américain, menaçant d’intensifier les opérations de limogeage de milliers de fonctionnaires fédéraux déjà entamées avec la commission DOGE de son ex-allié Elon Musk.
Le dernier shutdown, de fin décembre 2018 à fin janvier 2019, durant le premier mandat de Donald Trump, avait duré trente-cinq jours, un record. Au vu du caractère très impopulaire d’une telle situation, démocrates comme républicains tentent traditionnellement d’éviter cette paralysie fédérale, parfois au dernier moment. En cas d’échec, chacun essaie d’en rejeter la responsabilité sur le camp adverse.
Donald Trump avait déjà vitupéré à plusieurs reprises contre les démocrates et il a publié sur sa plateforme Truth Social un montage vidéo généré par l’intelligence artificielle montrant le chef de la minorité démocrate à la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries, affublé d’une longue moustache et d’un sombrero mexicain. Un montage dénoncé comme « raciste » par le principal intéressé, qui a regretté en outre l’absence de dialogue constructif avec la Maison Blanche. Tous ont déjà en tête les élections législatives de mi-mandat, en novembre 2026, lors de laquelle la majorité républicaine au Congrès sera remise dans la balance.
Une rencontre à la Maison Blanche sans issue favorable
Malgré l’approche de l’heure limite de minuit, les lignes n’ont pas bougé. D’un côté, les républicains proposaient une extension du budget actuel jusqu’à la fin du mois de novembre. De l’autre, les démocrates voulaient obtenir le rétablissement de centaines de milliards de dollars en dépenses de santé, notamment dans le programme d’assurance Obamacare pour les ménages des classes populaires, supprimés par l’administration Trump.
Donald Trump a reçu, lundi à la Maison Blanche, les principaux responsables républicains et démocrates du Congrès, une rencontre qui n’a fait que confirmer l’impasse des négociations. « Nous avons la volonté et la capacité de trouver une voie d’entente », a assuré, mardi, Hakeem Jeffries. Mais « nous ne soutiendrons pas un projet de loi partisan républicain qui continue à démanteler le système de santé, ni maintenant, ni jamais », a-t-il ajouté devant le Capitole de Washington. Le chef de la majorité au Sénat, John Thune, a, lui, averti que les républicains « ne se laisser[aient] pas prendre en otage » par les exigences des démocrates.
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En mars, alors que la menace d’un shutdown planait déjà, les républicains avaient refusé d’engager le dialogue sur les coupes budgétaires et le licenciement de milliers de fonctionnaires décidés par l’administration Trump. Dix sénateurs démocrates, dont Chuck Schumer, avaient alors opté à contrecœur de voter pour le texte des républicains, afin d’éviter la paralysie fédérale. Leur choix avait provoqué de vifs remous dans le camp démocrate, de nombreux militants et sympathisants les accusant de plier face à Donald Trump et son programme jugé radical.