Javier Blas et Jack Farchy sont journalistes à l’agence de presse financière Bloomberg. Ils ont écrit Un monde à vendre. La saga des traders de matières premières (Novice Editeur, 464 pages, 22,90 euros, traduit de l’anglais par Anne Duchemin). Leur livre, publié en anglais en 2022, est un improbable et fascinant best-seller traduit en quinze langues sur la poignée de grandes maisons de courtage qui dominent les marchés du pétrole, des produits agricoles ou encore des métaux.

Pourquoi vous êtes-vous intéressé aux tradeurs en matières premières ?

Quand j’ai commencé à couvrir les matières premières il y a plus de vingt ans, je me suis rendu compte qu’il y avait un trou dans notre compréhension de ces marchés. On parle de pétrole, de cuivre, de cacao, de café…, mais pas de ceux qui les déplacent d’un point à un autre. On s’est rendu compte que non seulement ces courtiers gagnaient énormément d’argent, mais qu’ils le faisaient dans un anonymat presque complet. D’une certaine manière, ils sont littéralement la « main invisible » des marchés dont parlait Adam Smith [économiste du XVIIIe siècle].

En 2022, les quatre plus grands – Vitol [numéro un du commerce de pétrole], Glencore [première maison de courtage en matières premières], Trafigura [2e sur le pétrole, 2e sur les métaux] et Cargill [qui domine les matières premières agricoles] – ont dégagé un bénéfice cumulé de 48 milliards de dollars [plus de 41 milliards d’euros]. Cette année-là, c’est plus que Meta, Amazon, Nvidia et Tesla réunis, alors que le grand public n’a presque jamais entendu parler d’eux.

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Dans votre livre, vous décrivez aussi leur extraordinaire pouvoir politique…

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