Une centaine de livres pour chacun des 65 millions de consommateurs que compte le Royaume-Uni, c’est le montant que Nikki Stopford réclame à Google. Soit 7 milliards de livres (8,3 milliards d’euros) au total. Cofondatrice de l’organisation de défense des consommateurs Consumer Voice, elle a déposé une plainte collective en leur nom. Un tribunal a commencé à examiner sa validité, mercredi 18 septembre, et rendra son verdict d’ici un mois, ouvrant la voie à un procès.

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« Google a conclu des accords avec tous les fabricants de téléphones portables souhaitant utiliser son système d’exploitation Android, détaille Mme Stopford. S’ils veulent avoir accès à son Play Store, ils doivent s’engager à installer et à promouvoir son moteur de recherche et son portail Chrome. » A cela s’ajoutent des versements à Apple « à hauteur de plusieurs milliards de dollars » pour s’assurer que son moteur de recherche figure par défaut sur les iPhone, précise-t-elle.

Résultat, « au Royaume-Uni, plus de 90 % des recherches en ligne passent par Google, contre moins de 5 % par Bing », dit encore Mme Stopford. Ce monopole – et l’absence de concurrence qu’il suscite – permet à Google de vendre ses espaces publicitaires à des prix surfaits. Elle cite une enquête de la Competition and Markets Authority, le régulateur de la concurrence au Royaume-Uni, qui a démontré que le coût par clic, soit le montant facturé à un annonceur lorsqu’un internaute clique sur sa publicité en ligne, était 30 % à 40 % plus cher chez Google que chez Bing.

Domination sur les smartphones

« Ces surcoûts sont alors répercutés sur les consommateurs », poursuit la cofondatrice de Consumer Voice. Et comme quasi tous les commerces britanniques font de la pub sur Google, la pratique a un impact généralisé sur le prix des biens vendus au Royaume-Uni.

Ce n’est pas le seul procès visant Google outre-Manche. Aux côtés des Pays-Bas, le Royaume-Uni est le pays européen où le groupe américain affronte le plus d’actions en justice, indique l’avocat Damien Geradin qui est impliqué dans une autre plainte collective, engagée par Barry Rodger, professeur de droit de la concurrence à l’université de Strathclyde. « Je représente environ 2 200 développeurs d’apps, essentiellement des PME », explique ce dernier.

Ils n’ont pas d’autre choix que de passer par le Play Store de Google pour commercialiser leurs produits, en raison de la domination de ce dernier sur les smartphones utilisant Android. « Cela permet à Google de leur facturer des commissions excessives, pouvant atteindre 30 % », complète-t-il. Sa plainte, déposée fin août, réclame 1 milliard de livres à Google pour compenser les pertes subies par les développeurs d’applications depuis 2018.

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