En 2022, 66 % des Français se sentaient fatigués, contre 47 % en 2000, 32 % déclarant même une « fatigue extrême », selon une étude réalisée par Odoxa. Un phénomène massif qui touchait tout particulièrement les moins de 35 ans, les femmes, les employés, et qui était partagé dans des proportions similaires à travers l’Europe.
Comment expliquer un tel ressenti ? Quelles sont les causes qui sous-tendent ce sentiment massif parmi la population ? Quelles en sont les conséquences ? Dans La Fatigue (Que sais-je ?), le psychosociologue Philippe Zawieja, déjà auteur de publications sur le burn-out, a décidé de s’intéresser à ces problématiques aux multiples implications sur les interactions sociales, la santé publique, l’économie, etc. Cet ouvrage érudit est un travail d’analyse mené, notamment, sur le terrain professionnel.
M. Zawieja démontre en quoi le travail est une source majeure de fatigue, tant physique que mentale. De fait, les actifs doivent faire face à nombreux facteurs de risque. L’intensité et la durée du travail, en particulier, jouent à plein : « La fatigue est induite par le rythme du travail et par sa monotonie », explique l’auteur.
Manageurs et salariés concernés
De même, de multiples atteintes psychiques favorisent la survenue du phénomène de fatigue. Il concernera le manageur qui, dans la gestion des tensions interpersonnelles, doit contrôler ses émotions. Il touche aussi le salarié dans « l’impossibilité d’utiliser et de développer certaines compétences » ou encore « dans [des] situations de qualité empêchée ou de travail empêché ». Seront aussi concernés les travailleurs ne se sentant pas reconnus par leur hiérarchie dans l’accomplissement de leur mission ou encore ceux percevant « l’inutilité ou l’absurdité d’une tâche ».
Les évolutions contemporaines du travail sont de nature à accentuer le risque de fatigue : tendance au « multitasking » (accomplissement de tâches simultanées), travail mené de façon fragmenté, interrompu par diverses sollicitations, mais aussi développement de la visioconférence, perçue comme « une source de fatigue sensorielle, par sursollicitation de la vision et de l’audition, cognitive et émotionnelle ».
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