
« Une décision incompréhensible, injuste et dangereuse. » « Un contresens historique. » Dans un communiqué diffusé dans la soirée du jeudi 17 juillet, le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) et son homologue paralympique (CPSF) dénoncent la baisse de 17,6 % des crédits alloués au sport, à la jeunesse et à la vie associative, prévue dans les orientations budgétaires annoncées la veille par le premier ministre, François Bayrou.
« La situation budgétaire actuelle du pays impose un effort pour chaque secteur et le mouvement sportif est prêt à faire sa part notamment en poursuivant la transformation et la modernisation des modèles économiques de ses structures avec une détermination renouvelée, écrivent les deux instances. Mais le sport ne peut pas être traité avec autant de mépris. » Il est, insistent-elles, « une politique publique de première nécessité ».
« Cette nouvelle coupe (…) marque un véritable abandon, à rebours de l’héritage des Jeux olympiques et paralympiques [JOP] de Paris », dont la France célébrera le premier anniversaire le 26 juillet, estiment-elles encore. « Nous ne pouvons pas laisser le monde du sport être une telle variable d’ajustement budgétaire, a fortiori quelques mois après qu’il a porté si haut les couleurs du pays », a commenté auprès de l’Agence France-Presse Amélie Oudéa-Castéra, ancienne ministre des sports et des JOP (mai 2022 à septembre 2024), élue à la présidence du CNOSF le 19 juin.
Depuis septembre 2024, le budget des sports ne cesse de diminuer et de premières tensions étaient déjà apparues entre l’exécutif et les acteurs du milieu. En janvier, le Sénat avait rejeté un amendement gouvernemental prévoyant d’annuler 34,3 millions d’euros de crédits pour le sport en 2025. Au même moment, plusieurs élus, fédérations et athlètes avaient tiré la sonnette d’alarme, appelant notamment l’Etat à ne pas laisser « la flamme s’éteindre ».
Une « désertion de l’Etat »
La décision, annoncée en juin, de recentrer les critères d’éligibilité au Pass’Sport, une aide de 50 euros en vigueur depuis 2021 à destination des familles modestes pour payer l’inscription en club, en excluant les 6-13 ans des bénéficiaires, a provoqué une nouvelle levée de boucliers. Le 11 juillet, l’association Ville et Banlieue relayait sur son site une lettre ouverte adressée au président de la République et au premier ministre, dans laquelle les 133 élus signataires font part de leur « profonde désapprobation envers cette mesure meurtrière pour l’accès au sport », qu’ils qualifient de « désertion de l’Etat ».
Le CNOSF et le CPSF estiment que le secteur se retrouve « particulièrement touché » sur deux années consécutives par les baisses de crédits, « et ce, alors qu’il ne représente que 0,10 % du budget » global, « soit un montant très minime dans l’équation ».
« A travers ce projet de loi de finances, c’est toute une génération, tout un modèle, tout un héritage que l’on piétine, insistent les deux comités dans leur communiqué. Les Jeux n’auront duré qu’un été alors que leur promesse, elle, devrait vivre encore longtemps. » Ils appellent « l’ensemble des acteurs du sport – athlètes, fédérations, clubs, bénévoles, arbitres, entraîneurs, éducateurs… –, les collectivités, les parlementaires, tous les soutiens du sport et les citoyens conscients de son importance, à se mobiliser à [leurs] côtés pour refuser ce déclassement ».