L’élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis devrait faire basculer l’économie mondiale dans une période de protectionnisme inédite depuis les années 1930. Il a promis d’intensifier la politique menée lors de son premier mandat en appliquant des droits de douane de 10 % voire de 20 % sur l’ensemble des exportations vers les Etats-Unis et même de 60 % pour les produits venant de Chine.

L’Union européenne (UE) va devoir élaborer une réponse pour conjurer cette nouvelle menace. Celle-ci intervient au plus mauvais moment. L’Europe est en panne de leadership, sa croissance est atone et la pression des exportations chinoises est de plus en plus intense. Conscients de leurs faiblesses, les Vingt-Sept n’ont toujours pas réussi à se donner les moyens de surnager dans cet environnement hostile.

Donald Trump a fait du protectionnisme son mantra tout au long de sa campagne. « Tariff [“droit de douane” en anglais] est le plus beau mot du dictionnaire », avait-il déclaré en octobre. Pour lui, ces taxes sont parées de toutes les vertus : elles redressent le déficit commercial, ramènent les usines sur le sol américain et remplissent les caisses de l’Etat. Mais en faire un remède miracle, c’est se placer dans la longue tradition des vendeurs d’huile de serpent du far-west.

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En fait, les droits de douane jouent un rôle limité dans le solde commercial d’un pays. Celui-ci est avant tout la résultante d’un équilibre macroéconomique entre, d’une part, le niveau d’épargne et, d’autre part, celui des investissements et de la consommation.

Aux Etats-Unis, la croissance des dépenses des ménages et des entreprises, soutenue par une politique budgétaire laxiste et un endettement sans limites, se traduit de façon mécanique par l’augmentation des importations, ce qui aboutit à un solde commercial négatif. Sans s’attaquer à ce sujet des « déficits jumeaux » (budgétaire et commercial), imposer des barrières douanières revient à vider la mer avec une petite cuillère.

Succès politique

Donald Trump en a fait la démonstration à son insu lors de son premier mandat. Le déficit de la balance commerciale des Etats-Unis s’est accru d’un quart, sans pour autant doper l’emploi industriel. En devenant plus chers, les composants importés ont augmenté les coûts de production américains comme l’ont montré de nombreuses études. Et, contrairement à ce que prétend le président élu, le surcoût n’a pas été réglé par les exportateurs, mais par les consommateurs américains.

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