Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche met fin à la parenthèse Joe Biden et place les Européens devant leurs responsabilités stratégiques. Au lendemain d’élections qui donnent aux républicains une large marge de manœuvre pour appliquer leur programme, deux questions se posent. Les Européens peuvent-ils bâtir un nouveau modèle de sécurité pour leur continent ? Et quel rôle souhaitent-ils jouer dans la compétition stratégique entre les Etats-Unis et la Chine ?

La réélection de Donald Trump oblige à accélérer une réflexion qui aurait dû être sérieusement lancée dès les années 2010. Sans alarmisme ni naïveté, les Européens doivent rapidement présenter des solutions politiques à ces deux défis.

Donald Trump conçoit l’Alliance atlantique comme une organisation permettant aux alliés de bénéficier de la protection américaine pour leur propre sécurité à moindre coût. Les dépenses européennes en matière de défense seront un des sujets brûlants des premiers échanges transatlantiques.

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Plutôt que de céder à la tentation d’accords bilatéraux où chaque pays chercherait à « acheter » la protection américaine, l’Europe doit envisager une approche coordonnée par une rationalisation de sa base industrielle. C’est une priorité absolue, car elle ne peut plus se permettre de sous-traiter sa défense aux Etats-Unis. Le nouveau secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, et les autres leaders européens devront convaincre Trump que cette évolution peut être présentée comme une victoire politique aux Etats-Unis.

Premier test pour la relation transatlantique

En parallèle, la question ukrainienne sera cruciale pour la redéfinition de l’espace de sécurité européen. Elle sera aussi le premier test pour la relation transatlantique. Donald Trump s’est présenté à ses électeurs comme celui qui pourra éviter la troisième guerre mondiale. Il ne fait aucun doute qu’un accord avec Vladimir Poutine est une priorité absolue de son agenda de politique étrangère.

La réponse européenne doit être triple : s’imposer dans les consultations ; s’accorder sur les conditions qui ne doivent pas être sacrifiées dans le cadre d’un cessez-le-feu ; et continuer à soutenir l’Ukraine, même en cas de conflit gelé, pour empêcher une nouvelle agression russe.

Donald Trump voudra faire du futur de l’Ukraine un problème proprement européen, pour pouvoir se concentrer sur le Moyen-Orient et l’Indo-Pacifique. Pour autant, les Européens ne sont pas sans leviers économiques et diplomatiques pour le convaincre de l’intérêt d’une coordination politique avec eux. Il faut, pour cela, accepter d’entrer dans le jeu d’une relation transactionnelle avec Washington, et mettre dans la balance des sujets différents, dont la relation à la Chine.

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