
La statue de Ramsès II a enfin trouvé un toit. Elle se dresse, monumentale, de ses 11 mètres et ses 83 tonnes au milieu de l’entrée du Grand Musée égyptien, plus connu sous son acronyme anglais, GEM, pour Grand Egyptian Museum. Drapée d’une douce lumière diffusée par la verrière, 38 mètres plus haut, elle accueille des visiteurs médusés, se demandant s’il s’agit d’une réplique ou d’un original, ébahis devant la scène, le nez en l’air… jusqu’à tomber, parfois, dans le bassin – heureusement peu profond et sans crocodiles – aux pieds du colosse de granit, à tel point qu’un gardien de sécurité a été spécialement chargé d’éviter les mauvaises chutes.
Le monument raconte lui-même une certaine histoire du pays, et du musée qui va à présent le représenter. La statue a été découverte en 1820 au sud du Caire, sur le site de Memphis, la capitale de l’Egypte antique. En 1955, Gamal Abdel Nasser (1918-1970), le fondateur de la République arabe d’Egypte, l’installa au cœur du Caire, comme offerte à son peuple.
En 2002, alors que l’idée du GEM a germé, il est proposé de la déplacer à nouveau vers le site du futur musée, sur le plateau de Gizeh. Un soir de 2006, à l’époque du régime d’Hosni Moubarak (1928-2020), alors triomphant, la statue est arrachée du centre-ville pour être mise à l’écart, traversant Le Caire sur la remorque d’un camion, ligotée dans un caisson de fer, comme si elle était prise à la population pour être offerte aux seuls touristes. Des dizaines de milliers d’Egyptiens investissent les rues pour la saluer une dernière fois, comme un prélude à la révolution qui renversera le raïs en 2011.
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