Aujourd’hui, la loi Veil a 50 ans. Cinquante ans qu’il est légal de se faire avorter en France. Cinquante ans que les femmes sont enfin libres de choisir. Simone Veil, par son courage et sa détermination face à une Assemblée pour partie hostile, incarne ce moment d’émancipation. Derrière son visage, combien d’autres ? Des milliers de militantes anonymes, des avocates, comme Gisèle Halimi, des figures de proue du féminisme, et ces 343 femmes qui eurent l’audace de signer un manifeste où elles clamaient avoir avorté.

Toutes ces femmes luttaient pour les femmes, pour défendre leurs choix, pour garantir leurs droits et faire avancer la société tout entière. Cinquante ans plus tard, on pourrait penser que ces avancées sont des acquis suffisamment anciens, que le combat ne vaut plus la peine d’être mené. Il n’en est rien ! A chaque recoin du globe, des vents rétrogrades soufflent avec une violence décuplée.

Des marqueurs inquiétants

En Afghanistan, des femmes résistent héroïquement face à un régime qui voudrait les réduire au silence, leur ôter jusqu’au droit d’apprendre. Les Iraniennes crient « Femmes, vie, liberté » au péril de leur vie, une clameur vibrante de dignité que nous serions coupables d’ignorer. Mais nul besoin de porter si loin le regard pour voir que les droits des femmes sont en danger.

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En Espagne, l’extrême droite a inscrit la suppression de l’avortement dans son programme électoral. En Italie, une grande majorité de gynécologues refusent de le pratiquer invoquant l’« objection de conscience ». Aux Etats-Unis, les masculinistes, jusqu’à l’intérieur même de la Chambre des représentants, clament « Ton corps, mon choix ». En outre, l’élection de Trump, les coups de boutoir conservateurs d’Elon Musk, les déclarations de Zuckerberg sont autant de marqueurs inquiétants pour la condition des femmes aux Etats-Unis.

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Et en France ? Des parlementaires de droite et d’extrême droite, heureusement minoritaires dans notre Assemblée ont voté contre l’inscription de l’accès à l’IVG dans la Constitution. L’actuel premier ministre, François Bayrou, figure parmi ceux qui se sont dits réticents à la garantie et à la protection de ce droit contre les soubresauts du temps.

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