Tandis que le rapport de l’ancien président de la BCE Mario Draghi enjoint à l’Union européenne d’investir 800 milliards d’euros afin d’améliorer la compétitivité des Etats membres, la Commission européenne demande à la France de réduire ses dépenses en raison d’un « déficit excessif ». Tandis que le même rapport souligne que « la soutenabilité politique pourrait être menacée si la décarbonisation conduisait à la désindustrialisation », la COP29 constate avec regret que l’objectif d’un réchauffement climatique inférieur à + 1,5 °C semble déjà hors d’atteinte…

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Ces injonctions contradictoires conduisent certains à réclamer la mise en œuvre d’une « économie de guerre climatique », mettant ainsi en évidence que l’effort climatique, comme l’effort de guerre, requiert une réallocation rapide et massive des ressources, tout en limitant le coût de la transition pour asseoir son acceptabilité sociale. Ce parallèle invite à s’interroger sur la pertinence des méthodes mises en œuvre lors de la seconde guerre mondiale.

L’une d’entre elles a été le contrôle des prix. Mais cet outil de politique économique agit comme un repoussoir pour nombre d’économistes, bien que son usage ait été très répandu pendant les « trente glorieuses ». Plusieurs prix sont d’ailleurs toujours contrôlés : médicaments, frais bancaires, etc. La conception dominante demeure néanmoins que le contrôle des prix entraîne nécessairement des pénuries et nécessite un énorme appareil bureaucratique.

Mais cela n’est vrai que dans certaines conditions, en particulier l’existence de marchés concurrentiels et de rendements décroissants. De surcroît, le contrôle des prix n’est pas réductible au blocage des prix. Il est tout à fait possible d’envisager des barèmes mobiles comprenant des prix planchers et des prix plafonds. Le bouclier tarifaire entré en vigueur en octobre 2021 constitue bien un tel mécanisme partiel de contrôle des prix.

Portée sociale

Le Prix Nobel 2001 Joseph Stiglitz a récemment proposé de recourir à la tarification « non linéaire » afin de lutter contre la flambée des prix de l’énergie. Ce dispositif fait varier le prix payé en fonction de la quantité consommée. Aux yeux des économistes, il a l’avantage de modifier les comportements en jouant sur les incitations plutôt que la contrainte.

Prenons l’exemple de l’électricité, dont une partie de la production devra répondre à la décroissance du parc automobile thermique. Une tarification non linéaire consiste à faire payer à un ménage un prix du kilowattheure qui varie en fonction de sa consommation. Imaginons que pour un couple avec deux enfants dans un logement de classe énergétique D, la consommation définie comme « normale » s’établisse à 12 000 kilowattheures par an. Les 12 000 premiers kilowattheures consommés sont facturés à 0,21 euro (tarif des heures creuses). Mais entre 12 000 et 14 000 kilowattheures, le prix s’élève à 0,27 euro (tarif des heures pleines), pour ensuite croître de manière exponentielle. Une telle mesure incite l’ensemble des ménages à faire des économies d’énergie, tout en ayant une portée sociale.

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