Elisabeth Borne a entrepris de relancer un chantier sclérosé depuis septembre 2023. La ministre de l’éducation nationale a entamé, début avril, un cycle de concertation avec les organisations syndicales sur la progression salariale des enseignants. « Nous avons relevé le niveau de salaire des enseignants en début de carrière, nous avons travaillé sur les fins de carrière, mais, au milieu, il y a un plateau qui peut être assez désespérant », considérait Elisabeth Borne dans un entretien au Monde, fin mars. Près de deux ans après les dernières mesures d’augmentation de salaires des professeurs, la locataire de l’Hôtel de Rochechouart souhaite ainsi « dynamiser les milieux de carrière », sujet à l’ordre du jour d’une nouvelle réunion avec les syndicats, mardi 29 avril.
La problématique des enseignants en milieu de carrière n’a, en effet, cessé de gagner en acuité au fil des revalorisations. Depuis 2020, le ministère a choisi de pratiquer une politique de hausse salariale exclusivement fondée sur l’octroi de primes, dont la particularité est d’être dégressives avec l’ancienneté. Cette action a conduit à une revalorisation sensible du salaire des débutants et permis d’atteindre l’objectif symbolique d’une entrée dans le métier à plus de 2 100 euros net, contre moins de 1 700 euros en 2020.
Cette politique a aussi considérablement nivelé la progressivité de la grille salariale, dont les fonctionnaires gravissent les échelons à l’ancienneté, puisqu’un enseignant avec dix ans d’expérience atteint à peine 2 300 euros net mensuels, et qu’il lui en faut environ vingt pour dépasser les 2 500 euros. En septembre 2024, l’OCDE rappelait ainsi que les salaires des enseignants français avec quinze ans d’ancienneté restaient inférieurs de 16 % à ceux de la moyenne des autres pays de l’organisation.
Un « léger frémissement »
Les professeurs appartiennent en outre au corps de la fonction publique qui met le plus de temps à atteindre le deuxième grade de la carrière. Appelé « hors classe », il donne accès une grille de rémunération plus élevée : le salaire maximal (exception faite des agrégés) y est fixé à 3 394 euros net, contre 2 816 euros au dernier échelon de la « classe normale », et les enseignants y accèdent au bout de vingt-quatre à vingt-six ans de carrière. Les enseignants sont éligibles à la catégorie « hors classe » aux alentours de vingt ans d’ancienneté, mais doivent, dans les faits, patienter : l’âge moyen des promus, dont le nombre est contingenté, dépasse les 50 ans.
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