La dernière innovation de Free suscite un certain émoi. L’opérateur de Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Groupe Le Monde) a annoncé, mardi 16 septembre, la mise à disposition gratuite d’un réseau privé virtuel (VPN) à tous ses abonnés 4G et 5G. Baptisé « mVPN », ce service permet, en masquant l’origine de sa connexion, d’assurer la confidentialité en ligne de son activité. Mais il suscite aussi des critiques : il permet de contourner les systèmes de vérification de l’âge sur les sites pornographiques, ou d’accéder aux sites pour adultes non disponibles en France, comme Pornhub.

Le député socialiste de la 3e circonscription du Bas-Rhin, Thierry Sother, a ainsi annoncé sur le réseau social BlueSky, jeudi 18 novembre, avoir saisi l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) : le « déploiement d’un tel service […] à grande échelle […] soulève de sérieuses préoccupations au regard de la protection des mineurs en ligne », déplore-t-il dans un courrier daté du même jour destiné au gendarme de l’audiovisuel. « En offrant à tous ses abonnés – sans distinction d’âge – les moyens d’échapper aux dispositifs de régulation », le service de Free « fragilise directement l’efficacité des mesures de contrôle voulues par le législateur », précise le parlementaire.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Fibre optique, zones blanches : le régulateur des télécoms blâme tous les opérateurs

Faux, répond au Monde Free, qui assure que cette option ne peut, dans tous les cas, être activée que par une personne majeure. L’entreprise argue, par ailleurs, que des dizaines d’outils VPN existent sur le marché, et sont parfaitement légaux. « Nous mettons à disposition une infrastructure, nous n’encourageons aucun usage en particulier », assure Ombeline Bartin, la directrice des relations extérieures d’Iliad, la maison mère de l’opérateur. « Comme tous les fournisseurs d’accès à Internet, nous avons une obligation de neutralité. »

Stratégie du « sans surcoût »

Coordonnateur à l’Union nationale des associations familiale (UNAF), qui défendait l’imposition de mesures de contrôle de l’âge strictes sur les sites pornographiques, Olivier Gérard se montre également très critique à l’égard de ce service. « A nouveau, on renvoie la responsabilisation aux parents, qui ont, bien sûr, un rôle majeur à jouer, mais cela ne doit pas absoudre les opérateurs téléphoniques de leurs responsabilités, pas plus que les Gafam », s’agace-t-il. « Il y a, par ailleurs,une ambiguïté : Free présente, à juste titre, ce VPN comme un outil de sécurisation des pratiques numériques ; on dit aux parents que pour sécuriser la navigation de leurs enfants, ils doivent leur permettre de contourner les interdits. »

Il vous reste 29.43% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Share.
Exit mobile version